Aller au contenu principal

La commission de l’enseignement, de la culture et de la communication examine la situation et les défis de la presse et des entreprises médiatiques à l’aune de la pandémie du Coronavirus

La commission de l’enseignement, de la culture et de la communication au sein de la Chambre des Représentants a tenu vendredi 26 juin 2020 une réunion présidée par son président M. Mohamed Mellal, en présence du ministre de la culture, de la jeunesse et des sports M. Othmane El Ferdaous, et ce, pour examiner la situation et les défis de la presse écrite et électronique à l’aune de la pandémie du Coronavirus

Le ministre a révélé « qu’une enveloppe budgétaire de plus de 200 MDH a été allouée à la presse écrite, dans le cadre d'un plan d'urgence de sauvetage de ce secteur vital qui joue un rôle important dans l'édifice démocratique », soulignant « l’appui traditionnel est insuffisant, qu’un recours à des mesures exceptionnelles est requis, tout en distinguant entre les problèmes conjoncturels et ceux structurels, et qu'un travail intense a été réalisé avec le ministère de l'Économie, des Finances et de la Réforme de l'Administration sur un plan d'urgence pour sauver la presse écrite, reposant sur quatre mesures en relation avec la conjoncture actuelle ».

Selon M. El Ferdaous, la première mesure porte sur la mobilisation d'un montant de 75 Millions DH à travers lequel l’Etat procède au paiement des salaires de ces entreprises de trois mois (juillet, août et septembre), soulignant que « plus de 130 entreprises de presse ont sollicité une aide à travers l'appel d’offres lancé par le ministère pour l’appui traditionnel, comprenant plus de 30 entreprises récentes, dont l'étude des dossiers de ces entreprises a révélé l’état critique de leur situation financière ».

La deuxième concerne la mobilisation par le ministère des finances d’un montant de 75 Millions DH pour le versement dans le compte des fournisseurs des entreprises de presse, pour la prise en charge la chaîne de valeur économique du secteur de la presse écrite et atténuer ses charges.

S’agissant de la troisième mesure, elle consacre 15 Millions DH aux imprimeries qui impriment plus de 500 mille numéros, afin de permettre à ces entreprises de presse de payer les salaires des manutentionnaires, alors que la quatrième mesure consiste à apporter un soutien direct à Sapress", chargée de la distribution, et qui fait face à des difficultés en lien avec la conjoncture à hauteur de 15 Millions DH, que le ministère poursuivra l’aide apportée à cette entreprise qui a débuté l’année dernière à travers une recapitalisation par la mobilisation d’un montant de 10 Millions DH.

De même, une aide de 15 Millions DH a été accordée aux radios privées qui, selon le ministre, « ont déployé de grands efforts pour sensibiliser les citoyens durant de la crise sanitaire dans un langage simple et proche des citoyennes et citoyens ».

Au niveau de la structuration du secteur, le ministre a souligné « qu'il a été convenu de former un groupe de travail commun pour travailler sur les données et les informations pour diagnostiquer la situation, notant qu'un travail sera effectué pour étudier les propositions des professionnels de ce secteur, notamment celles relatives à la modernisation, la formation et les projets d'investissement » de ces entreprises, à travers des programmes à vision long terme.

D’autre part, le ministre a fait savoir que la pandémie du Coronavirus a révélé de nombreux problèmes qui ne sont pas seulement liés au secteur de la communication, mais qui concernent également tous les secteurs et doivent être traités par l'adoption d'une approche rationnelle basée sur l'identification des problèmes conjoncturels relatifs à la crise actuelle, l'élaboration de plans spéciaux, et l’identification des problèmes structurels qui nécessitent une action selon une vision à moyen et à long terme.

L’orateur a également mis en avant l’importance de la synergie des projets entre les départements de la culture, la communication et la jeunesse et sports à travers des projets concrets, rappelant à cet égard, que le département de la jeunesse a élaboré un programme « Enfants et culture » sous forme d’une plate-forme interactive et accessible visant à sensibiliser les enfants sur la culture et le patrimoine du Royaume, outre une émission quotidienne de jeu concours, diffusée sur la première chaîne de télévision.

Le ministre a également relevé l’importance des mutations technologiques au niveau des plateformes numériques et du marché de la publicité, qui jouent un rôle important à l’aune de ces transformations.

A cet égard, le ministre a évoqué l’actuel débat international engagé au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques au sujet de la problématique relative à l'assiette fiscale des plateformes numériques, estimant que ce débat est important pour des pays tels le Maroc, « confortera le Royaume dans les négociations avec les grandes sociétés, sachant qu’à peu près 15 millions de marocains(e)s, dont 8 millions de jeunes, disposent d’un compte sur le réseau social Facebook ».

Dans le cadre du débat ouvert, les interventions des député(e)s membres de la commission, représentant(e)s des groupes et du groupement parlementaires, ont été unanimes sur le rôle central des médias, qu'il s'agisse du pôle public ou des entreprises de presse privées pendant cette pandémie, louant l'approche adoptée pour diffuser l'information, la sensibilisation et lutter contre les inexactitudes et les fausses informations pendant la période d’urgence sanitaire. Les membres ont a appelé à élargir la marge de liberté de presse, en plus de la nécessité de la protection sociale des travailleurs de ce secteur, et à œuvrer pour les améliorer afin qu'ils puissent travailler dans de bonnes conditions.

Les député(e)s présent(e)s ont mis l’accent sur l’importance de la sécurité informatique et la protection des données personnelles à l’aune de la mutation numérique, où un appel a été lancé pour s'engager dans des partenariats avec les pôles des technologies de l'information et de la communication, en adoptant une approche visant à atteindre la souveraineté numérique du Royaume. Les député(e)s ont également évoqué la nécessité d'améliorer le nouveau modèle économique des entreprises médiatiques, en particulier, la gestion du marché de la publicité chez les établissements du pôle public en particulier, et le recours à des approches pour optimiser l'exploitation de cette importante ressource financière pour les entreprises de presse.

Concernant le Conseil national de la presse, les député(e)s ont appelé à octroyer à cette institution tous les moyens nécessaires pour exercer ses prérogatives d’organiser et de réhabiliter ce secteur.   Et sur la base de l'adoption de la charte de déontologie de la profession de journalisme en tant que référence, les membres ont alerté sur certaines violations professionnelles pendant la période de l'état d'urgence sanitaire, appelant à la mise en application des lois encadrant la profession.

En outre, les député(e)s ont également abordé diverses solutions pour promouvoir le secteur de la presse écrite, en particulier à la lumière de la faiblesse du taux de lecture et de la décision de suspendre l'impression des journaux papier pendant l’état d'urgence sanitaire, valoriser le rôle de la presse et des entreprises médiatiques et régionales, en particulier à l’aune du rôle qu'elle a joué pendant la crise sanitaire au Royaume, en plus de la formation des journalistes, l’ouverture d’ateliers de formation au niveau régional, soutenir les petites et moyennes entreprises de presse et leur octroyer des facilités au niveau financier.

Pour le reste des interventions, les député(e)s se sont prononcé(e)s sur certaines des préoccupations qui concernent les aspects financiers, en particulier la collecte des recettes publicitaires, la relation avec les partenaires et les contraintes fiscales de l’entreprise de presse, qui ont impacté la liquidité et le reste des ressources des journaux papier et ses répercussions sur les salaires des employés du secteur et leurs conditions sociales.