MadameYaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée Nationale française,
Mesdames et messieurs les responsables des institutions législatives partenaires du Royaume de Belgique, de Hongrie, du Portugal et de Grèce,
Monsieur le représentant de l’Ambassade de l’Union Européenne au Maroc,
Mesdames et messieurs,
C’est avec une grande joie que nous vous accueillons à la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc, en tant qu’amis et partenaires, pour clore ensemble un nouveau chapitre du partenariat parlementaire maroco-européenne, incarnée par le projet de jumelage institutionnel entre la Chambre des Représentants, l’Assemblée nationale française, la Chambre des Députés tchèque, la Chambre des Représentants belge, l’Assemblée nationale de Hongrie, la Chambre des Députés italienne, le Parlement hellénique et l’Assemblée de la République de Portugal, financé par l’Union européenne.
Permettez-moi, tout d’abord, de renouveler mes remerciements à l’Union européenne pour le financement de ce projet, qui s’inscrit dans le cadre de l’appui à la démocratie et représente un témoignage de l’efficience du partenariat stratégique multidimensionnelle qui lie le Royaume du Maroc et l’Union européenne.
Je tiens également à exprimer mes remerciements à mes collègues, Présidentes et Présidents des Parlements partenaires, pour leur engagement dans ce projet unique en termes de nombre inédit de parlements participants au jumelage, ainsi que ma reconnaissance pour leur attachement constant à garantir le succès de ce projet et à en faire une initiative dont les résultats dépassent les attentes.
Cet engagement reflète la profondeur des relations qui unissent le Maroc à l’Union européenne et à ses États membres. Il témoigne également de la volonté de valoriser nos valeurs communes, de renforcer le choix démocratique et de consolider l’État des institutions, tout en veillant au respect des traditions institutionnelles et démocratiques et du contexte propre à chaque pays. Cela ne diminue en rien la primauté de la démocratie en tant qu’idée, position et institutions.
Mesdames et messieurs,
Je ne m’attarderai pas sur le bilan détaillé du jumelage institutionnel, qui se suffit à lui-même à travers les chiffres qui seront brièvement présentés devant nous et les documents mis à notre disposition. Il convient néanmoins de rappeler que ce projet a eu pour objectif de couvrir des problématiques actuelles liées au renforcement de la gouvernance parlementaire et de la démocratie, et qui a eu pour ambition de produire des documents durables, tels que des guides pratiques, ainsi que des diagnostics et analyses des pratiques dans les huit institutions partenaires.
L’un des atouts majeurs de ce projet réside dans le traitement des problématiques identifiées initialement par les documents de jumelage, selon une méthodologie comparée (Benchmarking), tenant compte des pratiques propres à chaque pays partenaire. Cette approche a permis d’enrichir les échanges entre les experts et les fonctionnaires dans le cadre du projet et de produire des documents synthétisant une réflexion collective et des visions de diverses écoles parlementaires.
Le projet a également couvert denouvelles compétences et problématiques dans les pratiques parlementaires, telles que l’évaluation des politiques publiques, aussi bien ex ante qu’ex post, l’évaluation de l’application des lois et les études d’impact, notamment l’identification de l’impact des législations et des politiques publiques sur les sociétés. Ces compétences et fonctions sont intrinsèquement liées et conditionnent l’efficience de l’exercice des prérogatives traditionnelles des parlements, à savoir la législation et le contrôle de l’action du Gouvernement.
L’égalité entre les femmes et les hommes dans les institutions élues a également été une composante essentielle du projet de jumelage, en veillant à l’échange d’expériences et à la connaissance mutuelle des pratiques facilitant l’accès des femmes aux postes décisionnels, aussi bien représentatifs qu’exécutifs. La participation des femmes parlementaires membres des institutions partenaires a été significative à cet égard, notamment à travers des échanges de visites, et principalement en mûrissant l’idée de créer un Forum des Femmes Parlementaires comme un cadre ouvert et flexible pour le dialogue entre les femmes parlementaires au sein de nos assemblées partenaires.
Je serai ravi, plus tard aujourd’hui, d’inaugurer à vos côtés la première étape sur le chemin de la coordination des efforts des femmes parlementaires de nos institutions partenaires, à travers le lancement des travaux du Forum que je viens d’évoquer.
Mesdames et messieurs,
Les mécanismes de la diplomatie parlementaire ont été pris en compte dans ce projet, à travers l’élaboration d’un document qui recense les pratiques adoptées dans nos institutions partenaires, notamment en ce qui concerne la structuration des Groupes d’amitié parlementaire, leurs rôles et leurs modes de fonctionnement. Cela contribuera à améliorer leur performance, particulièrement dans les contextes internationaux et régionaux qui, comme vous le savez tous, présentent de nombreux défis.
Par ailleurs, le projet de jumelage s’est également penché sur la gouvernance administrative au sein des parlements, dans l’optique de la gestion, de la formation, des procédures, de l’évaluation des performances et de l’engagement des fonctionnaires parlementaires à respecter les codes d’éthique.
Vous êtes au fait de l’importance des rôles joués par les administrations dans l’accompagnement et le soutien des parlementaires, notamment à travers la fourniture de données et d’informations, et l’impact de la qualité de ce service sur la productivité des parlements.
Mesdames et messieurs,
Le projet de jumelage, que nous clorons aujourd’hui, s’est appuyé sur les acquis du premier projet de jumelage mis en œuvre entre 2016 et 2018, et que j’ai eu l’honneur de le lancer aux côtés de M. Claude Bartolone, alors Président de l’Assemblée nationale française, ainsi que d’autres collègues, notamment de Belgique et du Royaume-Uni. Afin que ce travail soit encore plus bénéfique à la démocratie, aussi bien dans nos pays que dans d’autres pays partenaires et amis, il convient d’envisager la possibilité de le partager et de s’en approprier pour qu’il contribue à l’amélioration de la gouvernance parlementaire et de rendre les institutions élues plus efficaces et performantes, tant dans le contrôle de l’action gouvernementale que dans le processus législatif, l’évaluation des politiques publiques, et la mise en œuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes en matière de politique et d’institutions, ce qui impact l’égalité au sein de la société.
À cet égard, je tiens à réaffirmer la disposition de la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc à s’impliquer dans tous les projets de partage que nous pourrions convenir ensemble, ainsi qu’à explorer de nouvelles perspectives de partenariat parlementaire entre nous, sur la base de nouvelles questions, et ce, afin d’accompagner les rôles des parlements pour relever les défis auxquels nos pays, et plus largement la communauté internationale, sont confrontés.
Cher(e)s collègues,
Mesdames et messieurs,
Nous sommes tous conscients de l'ampleur des défis géopolitiques auxquels nous sommes confrontés dans la région euro-méditerranéenne et dans le monde entier, y compris les guerres, le terrorisme aveugle et son alliance avec le séparatisme, les conflits, les déplacements forcés, les migrations, les conséquences des dérèglements climatiques et les disparités territoriales, tant au sein d’un même pays qu’entre les nations. Ces fragilités sont souvent exploitées par les ennemis de la démocratie et par les adeptes des tendances régressives et introverties, qui s’en servent pour attaquer la démocratie et ses nobles valeurs.
Face à ces menaces, et dans un contexte marqué par l’incertitude et l’opacité qui caractérisent l’ordre mondial dans plusieurs régions géopolitiques, l’attachement à la démocratie, en tant que valeurs, principes, institutions, relations et pluralisme politique, demeure la pierre angulaire de la réussite dans la lutte pour le développement, la paix et la stabilité. Les démocrates ne doivent pas céder face à la montée des discours de violence et d’extrémisme.
Cher(e)s collègues, vous mesurez pleinement la valeur des partenariats qui unissent le Royaume du Maroc à l’Union européenne et à chacun de vos pays respectifs. Si les bénéfices, les intérêts et les échanges commerciaux et les investissements occupent une place essentielle dans ces partenariats, ils reposent également sur des valeurs partagées, à savoir la démocratie, les droits humains, le pluralisme politique, l’ouverture, la tolérance, la diversité culturelle dans le cadre de l’unité nationale, l’égalité entre les hommes et les femmes, et l’État des institutions.
Mesdames et messieurs,
Notre pays a accumulé des réformes constitutionnelles, institutionnelles et politiques profondes, contribuant à en faire une démocratie parlementaire ayant atteint un haut degré de maturité, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste. Cela fait du Royaume du Maroc un pilier essentiel de la stabilité régionale et internationale, dans un contexte géopolitique dont vous connaissez bien les caractéristiques.
Nous avons bâti notre projet démocratique sur notre profondeur historique et sur notre doctrine diplomatique fondée sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.
Le Royaume du Maroc a toujours été la porte de l’Orient vers l’Occident et la porte du Nord vers le Sud, en particulier vers l’Afrique, où nous sommes fiers de notre ancrage profond. Il s’agit du Royaume du Maroc, la terre où se rencontrent l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud, dans une harmonie de valeurs, de civilisation et de modes de vie.
Vous êtes, mesdames et messieurs, face à un partenaire fidèle et sincère, engagé en faveur de la paix, de la démocratie et de la prospérité commune, et résolument tourné vers un renforcement de la coopération et une diversification des partenariats.
La Chambre des Représentants demeurera constamment disposée à poursuivre la coopération bilatérale et la coordination dans les cadres multilatéraux, afin de consacrer la démocratie et de relever ensemble les défis communs.
Je vous renouvelle mes souhaits de bienvenue et vous remercie de votre présence, que nous continuerons à apprécier. J’adresse également mes remerciements renouvelés à notre partenaire historique, l’Union européenne, ainsi qu’à son Ambassade à Rabat, et à toutes les équipes des différents parlements partenaires qui ont œuvré au succès de ce chapitre de notre partenariat.