M. le ministre d’Etat,
Chers collègues et membres de la Chambre des Représentants,
Mesdames et Messieurs,
Nous ouvrons la dernière session législative au titre de la Xe législature, en des circonstances exceptionnelles et dans le contexte des transformations imposées par la pandémie du Coronavirus, avec toutes les répercussions dans divers aspects de la vie politique, économique et sociale, et dans les perceptions et les comportements.
nous inaugurons cette session après une précédente extraordinaire qui est la troisième en son genre lors de cette dixième législature, au cours de laquelle nous avons adopté neuf textes législatifs entre lois organiques et lois ordinaires, textes dont l’importance politique et institutionnelle est notoire, car il s’agit de textes encadrant les échéances électorales que notre pays organisera durant l’année en cours, et d’autres textes ayant trait à la gouvernance et la transparence auxquelles l’opinion publique aspire dans un contexte de mise en application des dispositions de la Constitution 2011.
Nous devons être conscient(e)s de l’importance d’adoption de ces textes pour consolider l’édification institutionnelle et assurer la régularité de l’opération électorale libre consacrant la souveraineté populaire, malgré le contexte particulier.
Nous devons également être fiers du Maroc, Etat ancien, profondément enraciné dans l'histoire, que ce souci de régularité du processus électoral est l'incarnation de l'Etat des institutions, de leur stabilité et de leur continuité, que notre pays fait partie du monde démocratique libre, et que la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, ainsi que les différents pouvoirs et composantes politiques pour assurer la régularité des opérations électorales s'accompagne de la volonté collective d'assurer leur transparence, et de les mener dans un cadre garantissant leur crédibilité, leur intégrité et l’égalité des chances des forces politiques concurrentes.
Certes, le gagnant dans tout cela est la nation, sa puissance et sa position internationale et géopolitique, et le gagnant est aussi la stabilité de la patrie et son modèle démocratique dans un environnement régional très instable avec les fléaux et les problématiques résultant de ce désordre où l’horizon de leur règlement ne semble pas proche.
Nous devons donc être à la hauteur des acquis et des réalisations politiques de notre pays et des réformes qu'il a réalisées grâce au grand et historique consensus, grâce à l'accumulation des réformes au fil des décennies, et grâce à la sagesse et à la clairvoyance de ses grands Rois, Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu ait leurs âmes en sa sainte miséricorde, et Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le garde.
Certes, la régularité et la transparence des échéances électorales sont l'une des garanties de la stabilité des institutions, et autant qu'elle incarne la démocratie, il convient que les partis politiques communiquent avec les électeurs et s’acquitter de leur rôle, qui ne doit, et ne peut être nié ou neutralisé. C’est cette stabilité institutionnelle, dont nous, peuple, institutions et composantes politiques, devrions être fiers, qui garantit la réussite du développement de manière efficiente. Cela nous ouvre l'avenir avec de nouvelles réalisations prometteuses et assure la continuation de notre rayonnement en tant que nation qui, tout au long de l'histoire, a été en position de force avec un rôle décisif dans le cours des événements dans l'environnement continental, euro-méditerranéen, arabe et islamique, avec influence et contribution à l'histoire de l’humanité.
Chers collègues,
Ce qui accroît l'importance et la délicatesse de cette étape, est la persistance de la pandémie de la Covid-19, dont les répercussions continuent de submerger tous les aspects de la vie sanitaire, économique et sociale. Si l’épidémie est le sort de l’humanité au cours de la troisième décennie du troisième millénaire, alors la mesure de la combattre et de relever les défis qu’elle induit est l’élément constitutif de la différence entre les pays.
Et si les capacités financières, matérielles et économiques, les structures médicales et les ressources humaines mobilisées à cet effet sont essentielles, la réalité a également démontré que l’élément du leadership a été, et demeure crucial pour faire face à l'épidémie, en particulier à ses répercussions. La gestion par notre pays de la crise résultant de l'épidémie sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, et l’adhésion de diverses institutions, ont produit une expérience et un cas marocains distingués et pionniers, qui font l'objet d'appréciation et de considération de la part des organisations internationales, des partenaires étrangers et des observateurs impartiaux.
Ce modèle marocain a pris la forme de politiques, mesures, législations, moyens de financement, industrialisation et hiérarchisation des priorités, qui sont pleinement cohérents avec le contexte marocain, et avec les particularités et les traditions du Maroc en temps de détresse et dans des circonstances exceptionnelles. L'une des caractéristiques de cette situation est le succès de notre pays à inverser les risques en précautions, le manque de ressources en initiatives pratiques créatives et efficaces, la crise en opportunités et les manifestations d'impuissance sociale en vagues de solidarité et éveil de la cohésion nationale.
Certains peuvent se demander en quoi consiste la différence? Une fois de plus, nous affirmons que, dans cette gestion, la valeur du leadership se met en évidence et s’incarne, ainsi que la force du Leadership de Sa Majesté le Roi dans la gestion de la pandémie. Tout comme le Maroc a réussi à absorber les premiers chocs de la propagation de la pandémie et à relever les défis qui en découlent, que ce soit pendant la phase du confinement sanitaire et ses impératifs économiques et sociaux, ou la prise en charge des malades, le travail pédagogique créatif accompli par les autorités publiques centrales et locales, et la mobilisation collective pour limiter la propagation de l'épidémie, il gagne un plus grand succès dans la campagne de vaccination lancée par Sa Majesté le Roi le 28 janvier 2021, où notre pays excelle dans la stratégie de mise en œuvre en la fondant sur des principes, des normes et des plans dont la gratuité, la prioritisation, l'organisation et la distribution équitable sur la base de l’égalité territoriale et catégorielle, en donnant la priorité à ceux qui sont en première ligne pour faire face à l'épidémie, ainsi que le respect des normes précises et strictes de mise en œuvre.
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Nous devons donc, bien estimer la valeur, l'ampleur et la qualité de ce que nous sommes entrain de réaliser sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec sa conduite clairvoyante et proactive. Nous sommes en train de réaliser des transformations et des transitions décisives dans divers domaines - avec tous les défis qu’elles posent, bien sûr - qui nécessitent notre intelligence et mobilisation collective derrière Sa Majesté le Roi.
Il s’agit de trois grandes transitions :
Premièrement : Rendez-vous de notre pays avec l’adoption et la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement, auquel Sa Majesté a fait appel depuis Octobre 2017 et Juillet 2018, et a chargé à cet effet une commission spéciale pour élaborer une vision globale multisectorielle selon une approche participative et consultative qui est ouverte au dialogue et repose sur le diagnostic objectif et l’ouverture sur les différentes visions. Il va s’en dire que ce modèle nécessitera des impératifs dans le domaine législatif, le cadre juridique et institutionnel, le domaine du contrôle et de l’évaluation, d’où la coopération et la complémentarité entre les pouvoirs dans la mise en œuvre des critères de gouvernance et de bonne gestion, dans la mobilisation pour le succès des chantiers de réforme qui sera sans nul doute prometteur et efficient, et qui sera au cœur de ce modèle. Certes, le rôle de l’institution législative et de ses composantes politiques sera décisif dans ce chantier stratégique.
Il est certain que ce que le Maroc a accumulé durant plus de 50 ans en matière de réalisations, acquis en termes d’équipements de base, de réformes financières et institutionnelles, d’ouverture et de libéralisation des marchés, constitue une base solide sur laquelle le nouveau modèle de développement sera construit et mis en œuvre.
Deuxièmement : dans le contexte de ce nouveau modèle de développement, compte tenu de ses dimensions sociales, notre pays inaugure une transition décisive dans le domaine de la protection sociale. Après avoir adopté la loi-cadre relative à ce noble chantier, nous serons tenus d’adopter les textes provenant de cette cadre-loi. Il s'agit d'un projet à plusieurs dimensions et composantes que Sa Majesté le Roi avait ordonné de lancer et a défini ses jalons et ses objectifs majeurs en juillet 2020. L'enjeu n'est pas seulement lié à donner à la solidarité et à la cohésion un concept national moderne, juridiquement et institutionnellement avec la contribution de diverses parties, mais principalement un investissement stratégique en l'être humain et à garantir ses droits à des services de santé de qualité, à un enseignement de qualité et productif qui facilite l'égalité des chances et qui soit la clé du progrès social, et un point d'entrée de lutte contre la vulnérabilité et les disparités, à une retraite confortable qui préserve la dignité.
Je suis convaincu que nous, en tant que composantes politiques, sommes d’accord sur l’importance cruciale de ce projet stratégique pour accroître la confiance dans les institutions et renforcer la cohésion sociale. La rentabilité dans ce chantier sera collective et générale, et constituera l'un des leviers de l'émergence marocaine, et incarnera concrètement le concept de droits sociaux garantis dans la Constitution. Il est question d’un nouveau pacte social, d’un projet national structurant pour du service social, de la solidarité et de la cohésion, et un catalyseur de la consolidation de l'appartenance à la patrie.
Troisièmement : dans le cadre de ces transitions économiques et sociales ambitieuses que nous espérons réaliser, et afin de subvenir à leurs besoins financiers, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait donné ses instructions dans son discours au Trône de juillet 2020, et dans son discours à la nation à l'occasion de l'ouverture de l'année législative 2020-2021 le 9 octobre 2020, de créer le «Fonds Mohammed VI pour l’investissement », en tant que fonds d'investissement stratégique pour financer et insuffler une nouvelle dynamique à l'investissement dans des dimensions spatiales, territoriales et sectorielles, avec toutes ses répercussions positives sur l'emploi, l'inclusion sociale et la diffusion de l'esprit et de la culture de l'entreprise. Avec ce fonds, notre pays se distingue une fois de plus par la mise à disposition de plus de moyens financiers et de mécanismes d'intervention publique pour faire face aux répercussions de la pandémie actuelle, qui seront posées à moyen et à long terme, et aura ainsi transformé les problématiques résultant de la pandémie en opportunités de réforme et l’injection de plus de liquidités dans l’'investissement et la production.
Il convient, en guise d’objectivité, de reconnaissance, de gratitude et de respect dû, de réaffirmer que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec ces grands chantiers renouvelés et ambitieux, conduit le Maroc, dans cette conjoncture nationale et mondiale difficile, avec sagesse, clairvoyance, et vision proactive et prédictive, vers le modèle de l’Etat providence qui s'impose d'urgence dans le contexte de la pandémie.
Chers collègues,
Les grands chantiers qui seront bientôt lancés nous placent en tant que composantes politiques, en tant qu'institutions représentatives et en tant qu'élites, en face de responsabilités historiques. Ces chantiers nécessitent une mobilisation exceptionnelle, un consensus qui n'élimine pas la différence, et la capitalisation qui réalise l'accumulation.
A la Chambre des Représentants, nous devons nous mobiliser afin de remplir nos devoirs législatifs et de contrôle, et pour que nos discussions portent sur les politiques, les programmes et la législation en lien avec ces chantiers, constituent l’occasion pour stimuler leur appropriation et y adhérer, chacun de son coté. La noblesse de ce projet de société visant à consolider la modernisation et la démocratisation, la lutte contre la pauvreté, l'exclusion, la vulnérabilité et à prévenir le désespoir, ne permet pas de perdre du temps politique dans un monde où les nations rivalisent pour se positionner dans le système mondial que la pandémie produira.
dans ce contexte, il convient de se rappeler de ce que la pandémie a montré au niveau international en termes d'égoïsme, parfois enveloppé dans la rhétorique de patriotisme, comme c'est le cas dans la course au monopole des vaccins contre la Covid 19, réaffirme que l'unité nationale, le confiance en les institutions, la gestion des différences, voire les conflits, par le dialogue constructif est l'un des leviers de l'immunité de la nation et de la préservation de sa distinction, sa force et son progrès.
Parallèlement à tout cela, nous devons poursuivre la mobilisation collective et permanente, et être vigilants pour continuer à consolider notre unité territoriale et affronter les ambitions anciennes/nouvelles, et les manœuvres odieuses que les adversaires de notre intégrité territoriale continuent de faire pour un retour en arrière afin d’exporter leurs crises. Certes, la Chambre des Représentants continuera à se mobiliser pour cette question dans des cadres bilatéraux et multilatéraux pour défendre les droits légitimes de notre pays et pour faire face aux manœuvres de ceux qui s'opposent à notre première cause nationale.
En ce qui concerne le nouveau modèle de développement, nous devons être fiers du fait que nos provinces du sud sont à l'avant-garde des régions depuis des années, où un modèle de développement intégré et d'énormes investissements publics, multi-recettes et multidimensionnels, sont en cours de réalisation, ce qui en fait un pôle d'attraction majeur pour les investissements privés nationaux et internationaux, et un hub développé et modernisé avec le reste des pays africains.
Il s’agit d’un pari réalisé et rendu possible par les liens forts et avancés que le Maroc entretient dans divers domaines avec ses frères en Afrique, les projets dans lesquels notre pays adhère dans le continent et sa politique africaine menée par Sa Majesté le Roi et basée sur l'honnêteté et la recherche du gain commun, préférant l'Afrique et plaidant pour ses peuples et pour leurs causes.
Chers collègues,
Au milieu de ce dynamisme national intense, nous, à la Chambre des Représentants, devrions nous pencher sur l'intensification de la cadence de la législation au cours de cette session en adoptant les projets de loi dont la Chambre est saisie, et en statuant sur 229 propositions de loi, en considération des initiatives législatives des membres de la Chambre pour fin de consécration de la compétence, de mise en œuvre des dispositions de la Constitution et d’amélioration de nos coutumes parlementaires.
D’autre part, nous poursuivrons l’accomplissement de ses prérogatives de contrôle à travers la programmation des questions de politique générale et des politiques sectorielles, soucieux de répondre en cela aux attentes des citoyennes et des citoyens, et d'aborder par un dialogue calme les questions de la société sur la base de la coopération et de la complémentarité entre les pouvoirs.
dans ce même contexte, nous devons finaliser le reste des missions exploratoires temporaires menées par les commissions parlementaires permanentes en raison de l'importance de leur action de contrôle, en ce qu'elles portent en matière de pédagogie et de diagnostic de la situation d'un certain nombre d'institutions et de politiques publiques, et en ce qu’elles sont porteuses de suggestions et de recommandations pour améliorer ces politiques et surmonter les dysfonctionnements potentiels, sachant que le nombre de missions en cours de réalisation est de huit. Dans le même horizon, nous serons amenés à présenter et discuter le rapport du groupe thématique chargé de l’évaluation des politiques relatives à l’enseignement préscolaire, dont l’importance est considérable dans le développement national. D’autre part, en guise de participation par la Chambre à l’élaboration d’une vision nationale de réforme du système de la santé, nous serons amenés à discuter et enrichir le rapport élaboré en la matière par le le groupe de travail thématique que nous avons formé à cet effet.
Chers collègues,
Ce fut quelques conclusions concernant certaines de nos de nos réalisations nationales collectives et quelques réflexions sur ce que nous sommes tenus de faire dans le cadre de nos devoirs et missions que nous devons accomplir honnêtement, avec la qualité requise et dans le cadre d'un engagement politique et moral, au service des enjeux et du progrès de notre pays sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie.
Merci pour votre attention