En partenariat avec la Fondation Westminster pour la démocratie (WFD) à Rabat, la Chambre des Représentants a abrité, mardi 27 septembre 2022, le Forum des Femmes Parlementaires, organisé sous le thème de la «Représentation des femmes dans les parlements : pratiques et perspectives ». Le Forum a été présidé par Mme Khadija Zoumi, Vice-Présidente de la Chambre, en présence de Mme Nell Stewart, Ambassadrice du Canada au Royaume du Maroc, des intervenants et des experts marocains et étrangers, ainsi que des femmes députées représentant les groupes et le groupement parlementaires.
La rencontre s’est ouverte par une intervention de Mme Khadija Zoumi, dans laquelle elle a soulevé un problème majeur concernant l’autonomisation des femmes au niveau parlementaire, car d’après elle, cela ne se passe que par le biais de « l’égalité avec les hommes pour parvenir à la présence des femmes aux postes de décision politique.»
L’intervention de Mme Zoumi a mis en évidence les réformes que le Maroc avait mené pour assurer l'égalité des femmes et la constitutionnalisation de leurs droits en vertu de l’Article 19 de la Constitution. A cet égard, elle a déclaré que «cette réforme constitutionnelle a couronné le chemin des réformes cumulées». Dans le même ordre d’idées, elle a donné l'exemple de la Chambre des Représentants en 2002, lorsque le nombre de femmes députées est passé de 5 à 35 grâce à l'adoption d'une liste nationale de femmes. Aujourd'hui, il y a 95 femmes députées sur un total de 395 sièges, soit 24%, a ajouté Mme Zoumi.
La Vice-Présidente s'est également attardée sur l'adoption du Code de la famille en 2004, affirmant que «grâce à la sagesse de S. M. le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, le Parlement a adopté le Code de la famille en 2004, après qu’il est arrivé à maturité au niveau de la société. À l'époque, cette réforme audacieuse était unique dans la région, car elle consacrait le concept de coresponsabilité entre les femmes et les hommes dans la gestion des affaires de la famille». De même, elle a ajouté que «le discours de Sa Majesté à l’occasion de la Fête du Trône 2022 a mis en exergue cette réforme en soulignant que les femmes, dans le Maroc d’aujourd’hui, ne peuvent être privées de leurs droits.»
En revanche, Mme Zoumi a estimé que «les lois seules ne sont pas suffisantes et que la société devrait assimiler la culture de l'égalité et redresser ses représentations à l’égard des femmes, ce qui ne serait pas possible sans investir dans l'éducation et sans placer la cause des femmes au cœur de toute pratique sociale. »
Pour sa part, l'Ambassadrice du Canada à Rabat, S.E. Mme Nell Stewart a estimé que la voie pour réaliser l'égalité pour les femmes est encore longue. À cet égard, elle a noté que la participation des femmes à la vie politique est importante à tous les niveaux politique, économique et social et contribue à la prospérité des familles.»
La diplomate canadienne a également saisi cette occasion pour saluer le dernier discours du Trône et ses messages positifs sur la cause des femmes, notant que « son pays se félicite de ce discours. »
Mme Nell Stewart a conclu sa déclaration en disant que le Canada avait lancé une campagne pour aider les femmes à accéder aux postes de prise de décision.
Au cours du débat, la Présidente de la Commission des Femmes et des Égalités de la Chambre des communes britannique, Mme Caroline Nokes, a passé en revue l'expérience de son pays en matière d'égalité. À cet égard, elle a noté que le Maroc avait fait des progrès remarquables et que la condition de la femme avait changé depuis sa dernière visite, il y a 25 ans. "Nous avons fait de grands progrès, mais nous avons encore beaucoup à faire" a-t-elle ajouté. En Grande-Bretagne, qui est décrite comme la mère des démocraties, nous assistons encore à de nombreuses atrocités qui entravent la démocratie et nous n'avons pas encore atteint le niveau de pleine égalité. Il est vrai que la représentation des femmes dans la vie politique en Grande-Bretagne date d’un siècle, mais toute suspension du système de quotas risquerait d’anéantir ces acquis."
M. Mohammed El Ghali, professeur et spécialiste des politiques publiques, de la gouvernance et du développement territorial, a ensuite fait un bref exposé sur l'évolution de la représentation des femmes au Maroc à travers plusieurs élections communales et législatives.
Pour sa part, M. Ahmed Moufid, Directeur du Centre d'études et de recherche parlementaire au sein de la Chambre des Représentants, a ensuite pris la parole. Dans ce contexte, il a donné des propositions sur l'inclusion d'un budget tenant compte de l’aspect genre dans le nouveau projet de loi de finances afin de corriger les déséquilibres actuels.
En outre, M. Abdelouahab Rami, professeur d’université à l’Institut supérieur de l’information et de la communication, a fait référence à l’importance des médias et des réseaux sociaux dans la consolidation de la représentation des femmes dans les parlements.
Le Forum a également été l'occasion d’ouvrir un débat entre les femmes députées qui ont présenté leurs expériences individuelles. À la fin, les participants sont convenus de plusieurs recommandations qui doivent être mises en œuvre afin de consolider les acquis et de faire de nouveaux progrès vers l'égalité.