Monsieur le Président,
Cher(e)s collègues, Président(e)s des institutions législatives et membres de délégations,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais, tout d’abord, remercier, au nom du Parlement du Royaume du Maroc, les autorités et le Parlement espagnols d’avoir accueilli la 143e Assemblée de l’Union interparlementaire. Je salue ce pays, ami, voisin et partenaire pour la capacité qu’il a démontrée d’abriter cette Assemblée et d’en assurer le succès dans un contexte difficile imposé par la pandémie de Covid-19. En effet, cette pandémie a eu pour conséquence de profonds changements dans les politiques publiques, dans les organisations économiques et sociales, dans les modes de travail, et notamment dans les priorités des Etats.
Notre Union a bien fait de choisir comme thème central pour cette Assemblée, la question de « Surmonter les divisions et renforcer la cohésion pour relever les défis actuels de la démocratie ». En effet, la pandémie de Covid-19 a accentué les disparités sociales et territoriales au sein d’un même pays ainsi qu’entre les membres de la communauté internationale, entre le Nord et le Sud, entre pays riches et pays pauvres. Les clivages s’en sont trouvés approfondis, les polarisations se sont accentuées et les aspects de contestation et de protestation se sont multipliés au Sud comme au Nord.
Cette situation a exacerbé les défis auxquels la démocratie représentative était déjà confrontée. En effet, les courants populistes, repliés sur eux-mêmes, ont trouvé un terrain fertile pour prendre racine et s’étendre, tandis que des penchants ‘souverainistes’ ont trouvé de nouvelles raisons – infondées par ailleurs - pour tenter de polir leurs discours et appels protectionnistes et les ancrer dans la pensée collective des gens.
Parallèlement à ce courant de pensée, qui a commencé à trouver des adeptes au Nord comme au Sud, un sentiment d’injustice, de marginalisation et d’exclusion est en train de s’ancrer au sein de larges couches des peuples de la planète, principalement dans les pays du Sud. La pandémie a aggravé les manifestations de la pauvreté, pesé lourdement sur des systèmes et services de santé déjà fragiles et accru la pression sur la dépense publique, bien modeste d’ailleurs.
Ce sentiment a été amplifié par l’insuffisance - voire la faiblesse - de la solidarité internationale face à la pandémie, notamment avec les peuples d’Afrique et d’Amérique latine. Cette réalité est plus évidente lorsqu'il est question de la fourniture des vaccins - une réalité qui est d'ailleurs corroborée par les taux de vaccination enregistrés sur le continent africain, dont nous faisons partie. À cet égard, je voudrais insister sur le droit des peuples africains d’accéder aux vaccins et aux médicaments.
Nonobstant, il serait, me semble-t-il, Monsieur le Présidente et cher(e)s collègues, opportun de nous demander, à la lumière de l’histoire aussi bien lointaine que celle moderne et contemporaine, si la démocratie représentative n'a pas été et sera un besoin sociétal urgent et une nécessité institutionnelle.
Même au plus fort de la pandémie, l’action parlementaire était une priorité absolue, car il fallait adopter les législations requises et adaptées au contexte, protéger les droits et libertés, approuver les budgets nécessaires au financement de l’économie et autoriser les dépenses dans un contexte bien particulier. Depuis l'Athènes antique, c'est-à-dire depuis 25 siècles, l'histoire nous apprend que le débat public et démocratique est, en effet, une nécessité politique et sociétale.
La démocratie représentative et pluraliste n'a-t-elle pas été le moyen qui permit de sortir des crises aiguës de l'après-Deuxième Guerre mondiale ? N'est-ce pas aujourd'hui encore la réponse politique recherchée par des peuples en proie à des guerres internes et au terrorisme ?
Monsieur le Président,
Certaines thèses tendent à souligner que la démocratie représentative institutionnelle, incarnée justement par les Parlements, est à bout de souffle et souffre d’un certain épuisement. De plus, les tendances qui s'opposent à la démocratie représentative et institutionnelle aggravent cet état de faiblesse.
S’il y a une part de vérité dans une telle conclusion, il nous appartient à nous, parlementaires et élites, de continuer à croire fermement en la nécessité de donner un nouvel élan stratégique à la démocratie. Nous devons veiller à ce que le travail des Parlements soit pratique et efficace, vu que la démocratie est notre principal rempart contre le chaos et l’hégémonie.
En gardant à l’esprit le sujet de notre débat et en nous basant également sur l’expérience accumulée au Royaume du Maroc, nous pensons que les propositions ci-après peuvent contribuer à un renouveau de la démocratie institutionnelle en lui insufflant une nouvelle dynamique favorisant son appropriation par les citoyens.
Monsieur le Président,
Cher(e)s collègues,
Aujourd’hui, la démocratie est influencée et à la fois influence un certain nombre de problématiques qui sont devenues des facteurs déterminants dans les stratégies internationales, tels que les migrations, l’asile, les déplacements de populations et les perturbations climatiques. En tant que parlementaires, il est de notre devoir de faire face aux racines de ces dilemmes internationaux et de rectifier les inexactitudes véhiculées à propos de ces phénomènes.
Par ailleurs, nous ne devrions pas perdre de vue la corrélation générale entre démocratie et développement, ainsi que la nécessité de faire face à la pauvreté. Si les citoyens et citoyennes aspirent à la rentabilité de la démocratie et des institutions représentatives, de nouveaux mécanismes de solidarité internationale pour le développement et le transfert, du Nord vers le Sud, de capitaux et de nouvelles technologies, doivent urgemment être mis en place, y compris dans le domaine de la santé. La mondialisation de l’économie et de la pensée démocratique doit avoir comme corollaire le partage des dividendes du progrès technologique et des connaissances acquises par l’humanité.
Il est évident qu’un tel objectif ne saurait être atteint que dans la stabilité et le respect de la souveraineté des États, de leur intégrité territoriale et de leurs propres traditions démocratiques.
Merci pour votre écoute attentive.