La mise en place de projets collaboratifs avec les communautés religieuses est de nature à promouvoir les valeurs du vivre ensemble et de les associer à la lutte contre tous les extrémismes, a souligné, mercredi à Strasbourg, le vice-président de la Chambre des représentants, Mohamed Yatim.
De tels projets permettront également de défendre une solidarité intercommunautaire et de faire en sorte que l'enseignement de la chose religieuse devienne l'occasion d'une écoute réciproque et favorable au développement de l'esprit critique, a dit M. Yatim lors d'une réunion de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), qui s'est soldée par l'adoption d'une résolution appelant à la mise en place d'une plateforme de dialogue entre le Conseil et de hauts représentants de religions et d'organisations non confessionnelles pour promouvoir les valeurs qui fondent le "vivre ensemble".
Tout en se félicitant de la qualité des recommandations émises, M. Yatim, qui préside la délégation parlementaire marocaine à l'APCE, a relevé qu'en réponse à l'intolérance et à la négation, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe propose que les élites politiques et les responsables religieux travaillent ensemble pour bâtir des ponts de compréhension interculturelle et de respect mutuel, et pour concilier la neutralité de l'Etat et le respect des convictions et pratiques religieuses des uns et des autres.
Pour sa part, la députée Nezha El Ouafi a salué l'appel de l'Assemblée à la création d'une plateforme de dialogue réunissant de hauts représentants des religions et des organisations actives dans une approche citoyenne crédible et participative, afin de "faire face à la manipulation des jeunes musulmans par des fondamentalistes qui interprètent les textes religieux dans un sens très éloigné du vrai message de l'Islam de la tolérance et de l'esprit rationnel".
La parlementaire est revenue, par ailleurs, sur les leçons de la riche expérience du Maroc qui a réussi à associer les identités musulmane, juive, amazigh et arabe sous une même bannière dans le souci de faire coexister harmonieusement des identités culturelles différentes.
En 2011, ces valeurs ont été constitutionnalisées de manière démocratique, a rappelé Mme El Ouafi, soulignant que musulmans, juifs, arabes et amazighs marocains sont tous des Marocains et des Marocaines à part entière qui vivent dans le même pays, riches de leurs traditions respectives et de leurs différences fondées sur une langue, des pratiques culturelles et un attachement viscéral à une tradition très riche qui se transmet de génération en génération.
Dans une résolution adoptée sur la base du rapport du député azéri Rafael Huseynov, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a recommandé aux Etats membres de veiller à ce que les communautés religieuses et leurs membres puissent exercer le droit à la liberté de religion sans entraves et sans discriminations, conformément à l'article 9 de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Elle a aussi recommandé de favoriser l'intégration sociale des minorités religieuses, de traiter en amont les inégalités sociales, économiques et politiques dont ces minorités sont frappées et de résister à leur marginalisation et aux incitations à la haine qui les ciblent.
L'APCE a, en outre, appelé à la mise en œuvre d'une "laïcité de reconnaissance" et à la valorisation des organisations religieuses en tant que partenaires pour le développement de sociétés inclusives et solidaires, dans le respect du principe d'indépendance du politique par rapport aux religions et de la prééminence du droit.
(MAP)