Le Président de la Chambre des représentants, M. Karim Ghellab a qualifié d'"exemplaire" la coopération qui lie les deux institutions parlementaires au Maroc et au Québec, soulignant que la commission interparlementaire mixte constitue un espace important d'échange, de compréhension et d'ouverture sur l'autre, qui demeure "très utile" dans ce genre de forums.
Dans une déclaration à la MAP à l'issue des travaux de la 2ème session de cette Commission interparlementaire mixte, tenue les 19 et 20 février au siège de l'Assemblée nationale à Québec, M. Ghellab a précisé que cette coopération porte sur deux volets très importants, ajoutant que le premier concerne les consultations politiques où chaque partie présente à l'autre un aperçu sur les sujets qu'elle connaît bien: la situation et le processus démocratique au Maroc, la situation dans le monde arabe, l'instabilité dans la région sahélo-saharienne et les conflits qui secouent la région arabe tels que le conflit israélo-palestinien et la crise en Syrie, pour la partie marocaine, et la situation au Québec, au Canada et dans l'Amérique du nord en général, pour la partie québécoise.
Le 2ème volet se rapporte à la coopération technique autour des bonnes pratiques parlementaires, a-t-il indiqué, notant que le parlement marocain est animé d'une ferme volonté de renforcer et d'améliorer la consistance, la performance et la qualité du rendement de l'institution parlementaire.
Dans ce sens, il a fait savoir que la première Chambre dispose d'un plan stratégique de mise à niveau et de développement de l'action de la Chambre des Représentants, précisant que ce plan est mis œuvre à travers un ensemble de leviers dont la coopération avec l'Assemblée nationale du Québec fait partie.
Il a rappelé, à cet égard, que les membres de la commission interparlementaire mixte ont débattu deux jours durant de trois thèmes essentiels, dont le premier a concerné les pétitions, leur traitement et les initiatives législatives de la société civile, ajoutant que plusieurs dispositions à ce sujet sont incluses dans la Constitution et doivent être activées.
Il a, par ailleurs, mentionné que la Chambre des Représentants compte s'inspirer de l'expérience québécoise dans ce domaine pour définir la procédure la plus performante et la plus pertinente pour que le parlement marocain puisse à l'avenir recevoir des pétitions de la société civile et les soumettre aux commissions parlementaires ou au gouvernement et utiliser les appréciations des composantes de la société civile dans le circuit législatif et d'élaboration des lois.
Le 2ème sujet débattu a porté sur la communication parlementaire à travers les réseaux sociaux et l'expérience québécoise en la matière, vu l'importance grandissante qu'occupent dorénavant ces médias sociaux, notamment auprès des jeunes, ce qui facilite toute communication avec eux, a-t-il dit, relevant que le Maroc dispose d'outils qui restent cependant insuffisants par rapport aux ambitions de la première Chambre dans ce domaine.
Quant au 3ème thème, il avait trait à l'accueil des nouveaux députés qui sont appelés à élaborer des lois, contrôler l'action du gouvernement, prendre part à des missions diplomatiques et à connaître les rouages et les règlements de la Chambre, soulignant que les nouveaux parlementaires doivent être mieux intégrés à l'action de la Chambre par une véritable formation qui se limite actuellement à la remise de guides pratiques.
Il a, dans ce sens, émis le souhait de voir mettre sur pied lors des prochaines législatures un plan de formation pour faciliter l'intégration des députés et améliorer leur performance.
M. Ghellab a précisé que les membres de la délégation parlementaire marocaine qui représentaient tous les groupes parlementaires vont maintenant s'atteler à formuler des recommandations et à prendre des mesures qui pourront être mises en œuvre à travers des réformes au sein du parlement, et ce afin d'améliorer le rendement de la Chambre sur ces sujets orientés autour de la société civile, des jeunes et de la formation des députés.
De son côté, Chafiq Rachadi, du Groupe rassemblement national des indépendants, a mis en exergue l'importance du rôle de la société civile, rappelant que la Constitution a ouvert devant elle la voie de la participation à la prise de décision, puisque la Loi suprême garantit la contribution des associations de la société civile à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des décisions et des projets des institutions élues et des pouvoirs publics.
Il a affirmé, dans ce cadre, que la Constitution a reconnu la société civile en tant que nouvel acteur en l'impliquant dans les politiques publiques au niveau des différentes étapes et ce, à travers des dispositions qui lui accordent le droit à l'initiative législative par le biais de motions, à l'initiative du contrôle à travers des pétitions et à la contribution à la préparation, l'exécution et l'évaluation des politiques publiques.
M. Rachadi a, par ailleurs, soutenu que la nouvelle Loi fondamentale a non seulement amélioré la démocratie représentative mais a intégré de nouveaux mécanismes d'implication des citoyens dans la prise de décision sur les politiques publiques et leur mise en œuvre et leur contrôle, indiquant que l'inspiration de l'expérience de l'Assemblée nationale du Québec, qui a fait de la société civile un partenaire fondamental dans la gestion de la chose publique, assistera la Chambre des Représentants dans ce nouveau chantier.
Pour sa part, M. Said Dor, du Groupe istiqlalien pour l'unité et l'égalitarisme, a estimé que chaque parlementaire doit disposer d'une véritable culture parlementaire, notant qu'une telle exigence relève d'une nécessaire mise à niveau initiale suivie par un réel cycle de formation continue.
Rappelant que les nouveaux députés proviennent de milieux différents, ayant des connaissances, des expériences et des parcours très variés, le tout reflétant la diversité socio-culturelle et économique du Royaume, M. Dor a insisté sur la nécessité d'accéder à une pleine culture parlementaire qui rendra les élus plus compétents, plus critiques, plus constructifs, plus vigilants et mieux outillés, surtout qu'ils sont appelés à se prononcer sur une série d'enjeux couvrant tous les secteurs d'activités, politiques, économiques, sociaux et culturels et ce à travers des projets de lois.
Il a en outre tenu à souligner qu'à l'image de la pratique de l'Assemblée nationale du Québec, l'idéal serait que l'on puisse mettre à la disposition de tout député un bureau doté d'un personnel adéquat qui lui permettrait d'accéder plus vite à cette culture parlementaire qui peut influencer positivement la vie politique, sociale, économique et culturelle à l'échelle régionale comme au niveau national.
(MAP)