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Le Président de la Chambre des Représentants préside la cérémonie inaugurale du projet de jumelage institutionnel entre la Chambre des représentants et plusieurs parlements européens

M. Rachid Talbi El Alami, Président de la Chambre des Représentants, a présidé aujourd'hui, vendredi 23 septembre 2022, au siège de la Chambre, la cérémonie de lancement du projet de jumelage institutionnel entre la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc, l'Assemblée nationale française, la Chambre des députés de la République tchèque et la Chambre des Représentants de Belgique, avec l’appui des institutions législatives de quatre pays, à savoir: l'Italie, la Grèce, la Hongrie, le Portugal, et le financement de la part de l'Union européenne. Lors de cette occasion, M. Rachid Talbi El Alami a prononcé l’allocution suivante : 

Mme Eliane Tillieux, Présidente de la Chambre des Représentants du Royaume de Belgique, 

Mme Valérie Rabault, Première Vice-Présidente de l'Assemblée nationale française,

M. Jaroslav BŽOCH, vice-président de la Commission des relations extérieures de la Chambre des députés de la République tchèque,

Mesdames et messieurs les membres des délégations,

M. Habib El Malki, président du Groupe d'amitié parlementaire Maroc-France,

Cher(e)s collègues les membres du Bureau de la Chambre des Représentants et les présidents des Groupes et du Groupement parlementaires,

Votre Excellence l’ambassadrice de l'Union européenne auprès du Royaume du Maroc,

Vos Excellences, Mesdames et messieurs les ambassadeurs.

 

Je suis très heureux de lancer, avec vous, le projet de jumelage institutionnel entre la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc, l'Assemblée nationale française, la Chambre des députés de la République tchèque et la Chambre des Représentants du Royaume de Belgique, appui par quatre institutions législatives d'Italie, de Grèce, de Hongrie et du Portugal, et financé par l'Union européenne.

 

Je voudrais, tout d’abord, souhaiter, à toutes et à tous, la bienvenue au sein de la Chambre des Représentants. De même, je tiens à saluer le choix de vos institutions législatives de faire partie de ce deuxième jumelage institutionnel avec notre Chambre, et je remercie notre partenaire historique et stratégique, l'Union européenne, pour son soutien à cette action institutionnelle, incarnant ainsi les nobles valeurs qui nous unissent au-delà des intérêts et des avantages économiques.

 

Permettez-moi de rappeler les fruits du premier jumelage institutionnel entre la Chambre des Représentants du Maroc et cinq institutions législatives européennes, financé par l'Union européenne, que j'ai eu l'honneur de lancer ici même dans cette salle, avec mon collègue M. Claude Bartolone, ancien Président de l'Assemblée nationale française, le 13 juin 2016. Outre les échanges, les visites mutuelles et les missions d'étude menées au niveau politique et des ressources humaines entre les institutions parties au jumelage, une série de guides pratiques sur les compétences des Parlements ont été élaborés selon une méthodologie participative et une vision comparée. Il s’agit aujourd’hui de documents importants qui enrichissent le fonds documentaire parlementaire marocain, et que notre Chambre n’hésite pas à partager avec d’autres parlements.

 

En plus de l'enrichissement de la culture parlementaire, les activités de jumelage ont inclus les aspects du Parlement numérique et des archives, étant fiers des réalisations de notre Chambre dans leur organisation et leur numérisation, et ce, afin de préserver la mémoire, de promouvoir la recherche scientifique et d’enrichir le fonds documentaire parlementaire. 

 

C'est sur la base de cette accumulation positive que s'est concrétisé le deuxième projet de jumelage que nous lançons aujourd'hui, ce qui reflète l'effet positif de notre partenariat et notre volonté commune de pérenniser les acquis dans son cadre, de manière à contribuer à l’amélioration de la pratique démocratique et à la diversification et au renforcement du dialogue entre les institutions qui participent au jumelage, selon la logique du partenariat, de l'interaction, de l'analyse comparée et de la construction commune.

 

Ce jumelage comprend deux volets convergents. Les activités programmées lors de la première phase visent à renforcer les capacités des ressources humaines de l'administration parlementaire, tandis que celles programmées lors du second cadre ont pour but de consolider l'efficacité et l'efficience de la Chambre dans l'exercice de ses prérogatives et fonctions constitutionnelles.

 

Dans le but de parvenir à l'efficacité souhaitable, le projet de jumelage se caractérise par un élément important lié à une préoccupation sociétale centrale tant au Maroc que dans d'autres pays. Il s'agit de renforcer la représentation des femmes dans les Parlements.

 

Ce jumelage, par ailleurs, vise à permettre à la Chambre de prendre connaissance des bonnes pratiques dans le domaine de l'application du bilinguisme dans les institutions et la vie publique, en relation avec une réforme centrale, constitutionnelle, institutionnelle et culturelle dont notre pays est fier de mettre en œuvre, à savoir l'application de la Constitution en ce qui concerne la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et son intégration dans l'éducation et dans plusieurs secteurs prioritaires de la vie publique.

 

Il ne fait aucun doute que la pratique belge en matière de bilinguisme est un modèle à suivre et nous espérons en bénéficier au sein de la Chambre des Représentants. Cela dit, je tiens à saluer l'inclusion de cet élément dans les activités de jumelage.

 

Il s'agit d'une réforme fondamentale qui s'inscrit dans le cadre des réformes institutionnelles cruciales lancées il y a plus de deux décennies par notre pays sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, et dont la Constitution de 2011 a été l'un des principaux maillons.

 

 

 

Mesdames et messieurs,

 

Nous sommes tous d’accord que la démocratie ne peut prospérer ni s'enraciner que dans le cadre de la paix, de la stabilité et d’une vie institutionnelle saine. Certes, la démocratie véritable et profondément enracinée est l'un des principaux facteurs de la stabilité, du développement et du progrès. Cependant, la condition fondamentale pour tout cela est le respect et la garantie du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale et frontalière des États. Dans le contexte international actuel, dont vous connaissez tous les caractéristiques et les défis qu'il pose à la communauté internationale, il est de plus en plus nécessaire de rendre ce principe plus pertinent dans les relations internationales.

 

Il ne vous occulte pas, cher/es collègues, que le Maroc, étant l’un des piliers de la stabilité et une force démocratique émergente singulière dans la région, a fait l'objet d'une injustice historique avec la création d'un conflit artificiel sur ses provinces du Sud dans le contexte de la guerre froide au cours des années 1970, à un moment où il appartenait, et il l’est toujours, volontairement et sur la base d’un choix conscient, au camp de la liberté, de la démocratie et du pluralisme.

 

Le Maroc, victime de la colonisation, a recouvré son indépendance et sa souveraineté en 1956 et a complété son intégrité territoriale par étapes dans le cadre de la négociation et sur la base du droit et de la légitimité internationaux, y compris sa souveraineté sur ses territoires du Sud en 1975. Aujourd’hui, après 47 ans, la situation dans ces régions a radicalement évolué. Elles sont devenues des centres d'investissement attrayants et ont été dotées d'infrastructures et de services sociaux importants, qui réjouissent les gens, alors que les habitants de ces provinces participent avec enthousiasme à l’élection et à la gestion des institutions et à la vie nationale en général. En effet, cette merveilleuse intégration entre les régions du Maroc n'aurait pas été possible sans la consolidation de la construction et des institutions démocratiques, et sans les grands efforts de développement et les grands sacrifices consentis par le Maroc sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, et avant lui Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde. Ces provinces sont aujourd’hui un modèle de prospérité et d’émergence, associé à un climat de liberté et de respect des droits de l'homme, garantis par la Constitution, les lois et les institutions.

 

Mesdames et messieurs,

 

Je ne donne pas de leçon d'histoire, mais je vois toujours comme mon devoir, en tant que Président d'une institution qui représente la souveraineté populaire, où sont représentées toutes les forces politiques nationales, toutes tendances confondues- je dis que c’est mon devoir - de rappeler à nos amis que le Maroc n'accepte et n'acceptera d'être victime ni de la sécession, ni d’aucun doute sur son intégrité territoriale nationale de Tanger à Lagouira. Si aucun membre de la communauté internationale n'accepte d'être victime d'une telle manipulation et propagande mensongère, c'est-à-dire de porter atteinte à son intégrité nationale, nos amis doivent être du côté de la vérité historique. En résumé, aucune déclaration patriotique n’est plus éloquente, ni véridique sur la position nationale actuelle que celle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, quand il a déclaré que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit.»

 

D'autre part, et dans le même cadre du partenariat, je ne doute pas que vous êtes bien conscients du rôle, de la position et de la crédibilité du Royaume du Maroc face aux défis auxquels notre région euro-méditerranéenne et le monde entier sont confrontés, y compris le terrorisme et le rôle décisif de notre pays face à ce défi, les déséquilibres climatiques et le rôle du Royaume dans l'élaboration d'une politique internationale alternative à cet égard, en plus de la paix, de la sécurité, de la migration irrégulière et du coût élevé qu'elle exige pour la réduire, non pas pour affronter les migrants, mais pour mener une guerre contre les réseaux de traite des êtres humains qui exploitent la situation de millions de jeunes frustrés à la recherche d'une vie meilleure. Ainsi, l'Ambassadrice Mme Cussac est parmi nous aujourd'hui pour confirmer ce que représente le soutien européen à notre pays pour faire face à ces réseaux du total de la dépense publique que le Royaume du Maroc consacre à cet objectif (moins de 20% seulement, en plus du coût de l'intégration des immigrants dans la société marocaine selon une politique volontaire).

 

Ces rôles constants du Maroc reposent sur la confiance, la responsabilité, le respect des engagements et l’attachement sincère à la légitimité internationale et à ses exigences. En parallèle, notre pays poursuit son essor économique en tant que puissance émergente ouverte dotée d'une économie libre et diversifiée. Le Royaume reste également soucieux de partager ses compétences et de consolider ses partenariats avec diverses régions géopolitiques, en particulier avec l'Afrique, où il assume la responsabilité d’atteindre un développement basé sur la règle gagnant-gagnant.

 

Cher(e)s collègues,

Mesdames et Messieurs,

 

Depuis 2018, l’année à laquelle le premier projet de jumelage a été mené à bien, notre pays a réalisé des progrès significatifs dans le domaine de la pratique démocratique et de la consolidation des fondements de l'État des institutions. Dans ce contexte, Sa Majesté le Roi, que Dieu le glorifie, a lancé un projet fondateur qui donne à la démocratie son sens social. Il s’agit du chantier de la généralisation de la protection sociale et de la couverture médicale qui est mené avec une grande fluidité et qui contribue sans aucun doute à l'intégration et la cohésion sociales. En outre, au niveau institutionnel, notre pays a organisé, en septembre 2021, six élections locales, régionales et nationales, caractérisées par la transparence et une concurrence intense entre les partis politiques, et qui ont abouti à une nouvelle majorité à la Chambre des Représentants, sur la base de laquelle Sa Majesté le Roi a nommé un nouveau Gouvernement suivant les résultats des urnes.

 

Ces élections ont eu lieu dans le contexte mondial que vous connaissez tous, à savoir le contexte de la pandémie du COVID-19. À cet égard, je voudrais réitérer à quel point nous sommes fiers, au Royaume du Maroc, de la manière dont nous avons géré la situation sans précédent qu'elle a imposée, tant en termes de fourniture de vaccins et d'exigences de prévention que de soutien aux catégories sociales et professionnelles touchées par les mesures du confinement sanitaire, en nous appuyant sur les capacités de notre pays et la valeur de la solidarité, et en ne se dérobant pas à nos engagements et responsabilités internationaux, notamment envers nos frères d'Afrique, à une époque où l'égoïsme et les tendances nationales étroites ont prospéré dans de nombreuses régions du monde.

 

Cette mesure, qui a une fois de plus démontré la valeur du leadership, de la sagesse et de la clairvoyance de Sa Majesté le Roi qui a conduit le Maroc à gagner les enjeux de la phase de relance économique, malgré le contexte international difficile résultant des facteurs que nous connaissons tous.

 

Cher(e)s collègues,

 

Le jumelage que nous lançons aujourd’hui, sachant que sa mise en œuvre a commencé il y a trois mois, avec sept institutions législatives européennes, qu’avec leurs pays nous entretenons des partenariats et des relations étroits, est plus vaste et plus noble pour être réduit à un simple soutien financier. Il s'agit d'un dialogue, des échanges et de l’enrichissement mutuel des pratiques démocratiques, ainsi que d'un moyen de renforcer la confiance et de s’orienter collectivement vers l'avenir, sur la base du respect mutuel, que nous devrions intégrer comme règle dans nos relations. Ce respect doit d'abord être accordé aux sentiments de l'opinion publique de nos pays et de nos peuples, en valorisant leurs questions vitales et en évitant ce qui peut les provoquer dans un contexte international marqué par des transformations majeures et le surgissement de menaces plus graves pour la stabilité mondiale.

 

Enfin, je tiens à vous remercier d'avoir pris la peine de vous déplacer au Maroc, ce qui témoigne de l'amitié qui unit nos pays et affirme notre attachement commun au système de valeurs de la démocratie, de la liberté et des droits de l'homme. Je voudrais également saluer ceux qui ont soutenu cet effort conjoint, en particulier l'Ambassade de l'Union européenne au Royaume du Maroc, le Ministère des finances, les responsables du projet au sein de nos Chambres parties au jumelage et les experts mobilisés dans le cadre de ces échanges.

 

Je vous remercie de votre attention.