MadameYaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée Nationale française et chère collègue,
Mesdames les parlementaires au sein des assemblées amies et de la Chambre des Représentants marocaine,
Mesdames et messieurs,
Je suis heureux que la dernière activité institutionnelle et politique avec laquelle nous clorons le projet de jumelage institutionnel soit consacrée à une cause noble et partagée entre nos sociétés, qui se trouve au cœur des droits humains et conditionne le progrès des sociétés. Il s’agit de la question de l’équité et de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui a constitué l’un des éléments fondamentaux du projet de jumelage.
J’ai le plaisir d’inaugurer avec vous, dans ce cadre, le Forum des femmes parlementaires, auquel participent des femmes parlementaires représentant les différentes institutions législatives nationales parties au jumelage. Ces dernières échangeront sur la mise en place de moyens de coopération, le partage d’expertises, et la connaissance mutuelle des pratiques nationales en matière de mise en œuvre de l’égalité dans les institutions législatives, ainsi que dans les postes de décision représentatifs et exécutifs de manière générale, et, à travers eux, dans la quête de l’égalité dans la vie publique.
Il est certain que cette autonomisation politique et institutionnelle, aspirée par toutes les démocraties dignes de ce nom, ne constitue pas une fin en soi. Elle doit plutôt servir de plateforme et de levier institutionnel pour promouvoir l’autonomisation économique, politique et sociale des femmes.
La présence des femmes dans les responsabilités publiques, les entreprises privées, les partis politiques et les organisations de la société civile doit refléter le principe d’égalité et d’équité. C’est à la fois un droit et une ambition légitime, tout en étant une opportunité pour plaider en faveur des droits humanitaires des femmes, lutter contre l’injustice et les discriminations qu’elles subissent dans la société, et s’opposer aux diverses formes de violence physique, économique et symbolique dont d’autres femmes peuvent être victimes.
Il ne fait aucun doute que vous êtes dans une position qui vous permet, avec vos collègues dans les parlements et les postes de décision exécutifs, de concevoir les législations nationales, les politiques publiques et les services sociaux d’une manière qui intègre toujours le critère d’égalité entre les femmes et les hommes, et parfois même d’adopter une discrimination positive en faveur des femmes.
Ce mécanisme a été particulièrement efficace dans le cas de la Chambre des Représentants marocaine, permettant ainsi aux femmes de représenter environ un quart (24,30 %) des membres de la Chambre. Elles représentent également un tiers des membres dans les collectivités territoriales locales, provinciales et régionales, notamment dans les grandes villes, tout en jouissant d’une représentation significative dans les petites collectivités en termes de population.
Madame la Présidente,
Mesdames et messieurs,
Bien que le chemin vers une égalité complète soit ardu et long, il doit rester une ambition commune pour les femmes et les hommes, dans toutes les institutions. Il est essentiel de s'appuyer sur l’accumulation en matière de réformes institutionnelles et législatives menant à atteindre cet objectif, tout en sachant que les obstacles à cet objectif ne sont pas toujours d'ordre législatif ou politique. En effet, les considérations sociétales et les représentations culturelles interfèrent souvent avec les conditions économiques pour freiner cet objectif.
Les institutions législatives doivent servir d'exemple et de modèle en consacrant l'égalité et en offrant l’opportunité aux femmes qui ont toujours fait preuve d'un engagement reconnu, ainsi que d'efforts productifs et qualitatifs dans l’action parlementaire et au sein des institutions représentatives et exécutives en général.
Selon les statistiques internationales, le pourcentage de représentation des femmes dans les parlements est passé de 11 % en 1995 à 25 % en 2023 en moyenne mondiale. Bien que ce chiffre témoigne d’une amélioration significative de la présence des femmes dans les parlements, il reflète également l’ampleur des défis qu’il reste à relever. Comme l’a souligné l’Organisation des Nations Unies depuis 2011, "dans toutes les régions du monde, les femmes restent absentes de la scène politique, souvent en raison des lois, des pratiques, des comportements et des stéréotypes fondés sur le genre."
Une illustration de cette réalité est que, parmi les 44,303 parlementaires dans le monde aujourd’hui, seulement 11,970 sont des femmes, ce qui montre que nous sommes encore loin de l’objectif d’égalité dans l’autonomisation politique. Cela exige une réflexion collective, un partage des pratiques concernant les législations relatives à cet objectif et un renforcement des réseaux entre les femmes parlementaires, car la lutte pour l’égalité n’est pas seulement celle des femmes.
J’espère que ce forum constituera un espace de dialogue libre, tourné vers un avenir commun sur une question cruciale pour nos sociétés.
Je vous remercie pour votre aimable attention et souhaite plein succès à vos travaux.