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Allocution de M. Rachid Talbi El Alami, Président de la Chambre des Représentants, à l’ouverture de la 30ᵉ Réunion extraordinaire du FOPREL

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

 

Monsieur le Président de la Chambre des Conseillers,

Mesdames et messieurs les Président(e)s des institutions législatives des pays d'Amérique centrale, des Caraïbes et du Mexique, et chers collègues,

Mesdames et messieurs les chefs de délégations, 

Mesdames et messieurs les membres des Sections Nationales,

Mesdames et messieurs,

         C'est une grande joie pour moi de vous rencontrer aujourd'hui pour commémorer deux dates importantes dans le processus de notre Forum parlementaire. La première date marque le 30ᵉ anniversaire de la création de votre organisation, tandis que la seconde se réfère à la commémoration conjointe du 10ᵉ anniversaire de l'adhésion du Parlement marocain en tant que membre observateur à ce Forum. 

Cher(e)s collègues, c'est l'occasion de réfléchir sur les réalisations accumulées par votre organisation parlementaire et d'apprécier les progrès accomplis par vos pays dans le domaine de la démocratie et du développement, ainsi que votre force régionale, dont nous sommes fiers au Maroc. C'est également l’opportunité de mettre en lumière les avancées réalisées dans les relations entre le Royaume du Maroc et vos pays, en termes de coopération politique et économique, tant dans le domaine parlementaire qu'en ce qui concerne les gouvernements et les acteurs économiques. 

Je tiens à vous exprimer, et à travers vous, aux autres responsables et aux membres de vos parlements nationaux, mes plus vifs remerciements pour avoir choisi le Maroc comme cadre de cette réunion extraordinaire de haut niveau, pour laquelle vous avez choisi le thème : « Faire face aux défis communs : la sécurité, la paix, le changement climatique et le développement économique ». Nous vous souhaitons une fois de plus la bienvenue en tant que chers invités et fidèles amis. 

Vous, cher(e)s collègues, avec ce choix, vous vous attaquez à des problèmes et dilemmes importants qui affectent aujourd'hui les relations internationales et dont les effets ont des répercussions sur les situations internes de la plupart des pays, en particulier ceux du Sud, y compris les nôtres.

Cher(e)collègues,

Mesdames et messieurs,

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde a rarement connu des guerres, des conflits et des tensions aussi complexes et dangereux qu'aujourd'hui. L'ordre mondial qui a remplacé la bipolarité qui a prévalu pendant des décennies après 1945 est aujourd'hui plus fragmenté, alors que les axes et les alliances se multiplient, que la violence et le terrorisme secouent divers contextes régionaux, et que les tendances nationalistes et isolationnistes fleurissent. En outre, de nouveaux facteurs sont apparus dans la géopolitique internationale, tels que les dérèglements climatiques et leur impact sur la qualité de vie, la stabilité et le niveau de vie, ainsi que les migrations forcées et les déplacements dus aux conflits ou aux conditions climatiques. 

De plus, le terrorisme mine la stabilité dans plusieurs régions, allié à des tendances séparatistes et sectaires, menaçant la sécurité de nombreux pays. 

Face à ces convulsions, tantôt violentes, tantôt silencieuses, les voix de la sagesse, de la paix et de la rationalité, qui prônent la coexistence, doivent s'élever au-dessus des discours de guerre et de violence. Les pays du Sud, dont les nôtres, doivent prendre la responsabilité de restaurer le calme, l'équilibre et la solidarité dans les relations internationales. Le sort de l'humanité, et en particulier des pays du Sud, ne peut se limiter à subir les conséquences négatives de la mondialisation, ni à rester à l'écart sans que leur voix soit entendue ou prise en compte dans les décisions internationales. Les énormes potentialités dont disposent les pays du Sud leur permettent, à condition qu'ils sachent les transformer en richesse, de peser sur les relations internationales et de prendre la place qui leur revient, en fonction de leur poids culturel, démographique, géographique et de leurs ressources naturelles. 

Le choix conjoint du thème des défis communs actuels témoigne de l'engagement de nos pays à œuvrer pour atteindre cet objectif. Si les réponses à ces défis ne peuvent être apportées de manière théorique lors d'une rencontre comme celle qui nous réunit aujourd'hui, la position institutionnelle de nos parlements nationaux pour promouvoir le débat sur les défis auxquels nous sommes confrontés et pour plaider au niveau international en faveur de la justice pour les peuples du Sud face aux dilemmes de notre temps reste l'un des objectifs de notre Forum. 

À cet égard, je voudrais partager avec vous quelques éléments de ce débat, d'abord en tant que Marocain, ensuite en tant qu'Africain convaincu des potentialités de son continent et attaché aux droits des pays de notre Sud à jouir de leurs ressources et à prendre leurs décisions souveraines conformément aux intérêts de leurs peuples.

Il s'agit tout d'abord du fait que les pays du Sud en général, et l'Afrique et l'Amérique latine en particulier, disposent d'énormes potentialités qui doivent être exploitées et transformées en richesses pour le développement économique et social de leurs peuples.

Ces deux régions géographiques (Afrique et Amérique latine) possèdent plus de 70 % des terres arables du monde, dont seule une partie limitée est exploitée. Vous connaissez, Mesdames et Messieurs, les défis majeurs que pose la sécurité alimentaire mondiale, tant dans le contexte de la crise actuelle que dans celui des crises à venir.

En deuxième lieu, il s'agit des ressources humaines dont nous disposons, car la majorité de la population de nos pays est composée de jeunes qui ont besoin d’enseignement, de formation et d'intégration pour être au cœur du développement intégral, moteur de l'économie et des services, tant au niveau de la production que de la consommation.

Troisièmement, il s'agit des ressources marines dont disposent les pays d'Amérique latine et d'Afrique. Ces deux régions sont entourées de deux océans et de deux mers, qui offrent d’immenses opportunités pour développer l'économie bleue, comme le tourisme côtier et la pêche. Elles regorgent également des richesses minérales potentielles et d'énormes ressources halieutiques en eaux profondes, sans compter le rôle crucial que jouent les mers dans les échanges, le commerce et le positionnement stratégique.

Quatrièmement, il s’agit des potentialités de nos en matière de production d'énergie verte, l'énergie du futur, qui représente un défi mondial face aux dérèglements climatiques.

Cher(e)collègues,

         Face à ces potentialités, nous sommes confrontés, comme je l'ai mentionné précédemment, à des défis majeurs qui doivent être transformés en opportunités de développement et de renaissance. Nos pays supportent les charges et les conséquences des dérèglements climatiques de manière plus aiguë que d'autres pays, ce qui accentue la vulnérabilité et pèse sur les dépenses publiques. Cela se produit dans un contexte où notre contribution aux émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète ne dépasse pas 12 % (4 % pour l'Afrique et 8 % pour l'ensemble de l'Amérique latine, dont la moitié ne provient pas des combustibles fossiles ou des gaz industriels). De plus, nos pays n'ont pas récolté les bénéfices du processus d'industrialisation depuis plus d'un siècle, contrairement aux puissances industrielles qui ont bâti leurs civilisations sur l'industrie.

Parmi les défis communs auxquels nous sommes confrontés figure le phénomène migratoire. Bien que les indicateurs généraux de ce phénomène tendent à montrer que les migrations se produisent principalement au sein d'une même région géographique, continentale ou régionale, nos citoyens migrants souffrent, dans de nombreux contextes, de stigmatisation. Cela se produit bien que les migrations soient reconnues comme un vecteur d'enrichissement mutuel, alors que ceux qui migrent le font en quête de revenus, d'un emploi ou de sécurité. Cela soulève la question de la relation entre la migration, le développement et la solidarité internationale.

Cher(e)collègues,

         Les pays d'Amérique centrale, des Caraïbes, du Mexique et du Maroc peuvent jouer un rôle clé pour relever ces défis en raison de leur situation géographique, de leurs potentialités et de leur richesse culturelle. Nos pays s'appuient sur une riche profondeur linguistique et culturelle commune, ainsi que sur une dynamique de développement importante, en parallèle avec un engagement fort en faveur de la construction de la démocratie et du renforcement des institutions sur une base volontaire, selon leurs traditions nationales.

Comme vos pays, le Maroc offre des opportunités historiques de coopération, de développement des échanges et d'implantation d'investissements, grâce à sa situation sur l'Atlantique, à sa proximité avec l'Europe et à son enracinement dans ses profondeurs africaines et méditerranéennes.

Comme vos pays, le Maroc dispose, et disposera encore plus à l'avenir, d'infrastructures qui constituent des leviers d'échanges et de coopération, tels que ses ports sur la Méditerranée et l'Atlantique, en plus de ceux de Casablanca, Tanger Med, Nador, West Med et le port de Dakhla, situé dans les provinces du Sud du Maroc, qui deviendra une plateforme internationale d'échanges entre l'Afrique, l'Amérique, l'Europe et d'autres pays du monde.

Les grands projets que le Maroc mène dans ses provinces du Sud, en particulier, représentent des opportunités précieuses pour donner une nouvelle dynamique à la coopération et aux échanges avec les pays africains frères.

Dans ce sens, il convient de mentionner l'Initiative atlantique stratégique lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, visant à faciliter l'accès des pays du Sahel africain, sans littoral, à l'océan Atlantique. Cette initiative lancera une dynamique importante dans la construction d'infrastructures essentielles, telles que les routes, les chemins de fer et les ports, ainsi que dans l'échange de marchandises, la circulation des personnes et le développement de superstructures, y compris la technologie numérique.

Si cette initiative apporterait des bénéfices stratégiques, son essence réside dans la solidarité et la volonté de transformer l'Afrique en un continent prospère qui exploite ses ressources et son potentiel humain, en faisant de l'océan Atlantique un espace d'échanges et de prospérité commune.

D'autre part, comme vous le savez, le Maroc a accumulé une grande expérience dans la production d'énergie à partir de sources renouvelables, comme en témoignent les énormes projets qu'il réalise dans les domaines de l'énergie solaire et éolienne, et bientôt de l'hydrogène vert. Ses expertises et ses longues traditions dans les secteurs de l'agriculture et de la pêche maritime sont également reconnues dans le monde entier. Ce sont là d'autres domaines clés pour la coopération, le partenariat et le partage des expertises.

Mesdames et messieurs,

Si l'on tient compte des facteurs géographiques, culturels, linguistiques et de la vision stratégique, le Maroc reste le pays le plus proche de vos pays. Comme je l'ai souligné à maintes reprises, notre pays sera votre plateforme, mettant à votre disposition son réseau de relations en Afrique, en Europe, dans la région euro-méditerranéenne, au Moyen-Orient et en Asie, où il est lié par des accords de libre-échange et des relations avancées et exceptionnelles avec de nombreuses puissances économiques et des pays amis.

Nous devons nous appuyer sur nos valeurs communes et notre engagement d'ouverture pour renforcer notre coopération économique et consolider l’appui mutuel entre nos pays, dans le cadre du respect et de la considération qui ont toujours caractérisé nos relations, ainsi que dans le cadre du respect du droit international, dont le noyau essentiel est le respect de l'intégrité territoriale des États, qui est la pierre angulaire de ce droit et le pilier fondamental de la stabilité.

Puisse cette occasion, où nous célébrons le dixième anniversaire de notre adhésion à votre Forum, marquer le point de départ d'une nouvelle étape dans nos relations, que nous souhaitons faire évoluer de la coopération vers le partenariat et le soutien mutuel.

Soyez assurés que vous êtes toujours en partenariat avec un pays fidèle et sincère, qui défend ses amitiés et respecte ses engagements et ses accords, fondés sur la confiance mutuelle.

Je vous souhaite à nouveau la bienvenue et vous remercie de votre attention.