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Allocution de S.E.M. Rachid Talbi El Alami Président de la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc Président du Comité Exécutif de l’UPA à l’ouverture de la 38ème Conférence

02/12/2015

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau,

Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents d’Assemblées parlementaires nationales et Chefs de délégation,

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,

Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique et représentantsdes organisations internationales,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UPA,

Honorables parlementaires,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

 

La Conférence des Présidents d’Assemblées Parlementaires Nationales de l’Union Parlementaire Africaine nous offre chaque année, l’occasion de nous pencher sur les questions d’actualité intéressant l’Union, l’Afrique et le monde et d’adopter des déclarations, de voter des résolutions, des motions et des recommandations qui sont adressées à nos gouvernements respectifs et aux organisations concernées. Et la 38ème Conférence qui s’ouvre aujourd’hui à Bissau, à l’aimable invitation de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau se situe dans ce cadre.

 

Je vous souhaite donc à tous et à toutes la bienvenue à la cérémonie solennelle d’ouverture de la 38ème Conférence de l’Union Parlementaire Africaine.

 

 

En ma qualité de Président du Comité Exécutif de l’UPA, je voudrais, au nom des mes pairs Présidents d’Assemblées Parlementaires Nationales, des membres  des Parlements nationaux et de l’ensemble des participants à cette conférence annuelle, traduire à nos hôtes, notre joie et notre plaisir de nous réunir à Bissau, où nous sommes entourés des attentions les plus délicates, les plus fraternelles et les plus chaleureuses.

 

Permettez-moi donc, qu’en votre nom à tous, et en mon nom propre, j’exprime notre profonde gratitude, à Son Excellence Cipriano Cassamá, Président de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau, non seulement d’avoir permis que nos assises se tiennent ici à Bissau, mais aussi et surtout pour les moyens mis à notre disposition pour nous réunir dans d’excellentes conditions, afin de garantir le succès de nos travaux.

 

Excellence Monsieur le Président, nous percevons votre implication personnelle dans l’organisation réussie des présentes assises comme le témoignage, s’il en était besoin, de votre grand attachement à l’institution parlementaire et partant, aux valeurs démocratiques, aspirations légitimes des peuples africains.

 

Nous voudrions aussi, à travers vous, saluer et adresser nos plus vifs et sincères remerciements aux autorités, à l’ensemble du Parlement, et au peuple Bissau-guinéens, pour la chaleur communicative et la simplicité de l’hospitalité manifestée aux différentes délégations venues prendre part à notre conférence.

 

Nos remerciements s’adressent spécialement à Monsieur le Premier Ministre de la Guinée-Bissau et aux membres du Gouvernements, dont la présence réconfortante à nos côtés, ce matin, témoigne éloquemment de l’intérêt qu’ils portent aux objectifs de paix, de cohésion sociale et de développement poursuivis par l’Union Parlementaire Africaine.

 

Aux membres du Corps diplomatique et représentants des organisations régionales et internationales en leur confirmant la volonté de l’UPA de poursuivre le renforcement des relations de collaboration et de fructueuse coopération.

 

Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents,

Honorables parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

 

Après la 67ème Session du Comité Exécutif qui, deux jours durant, les 2 et 3 décembre derniers, a examiné des questions relatives à la vie de notre organisation, et la réunion du Comité des Femmes parlementaires de l’UPA qui s’est penché, hier, sur l’ « Action parlementaire pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes et aux enfants », nous aurons à réfléchir, au cours de la présente Conférence sur deux thèmes  principaux :

Il s’agit d’une part, de « La promotion de la démocratie et de l’Etat de droit en vue d’assurer la paix et le développement dans les pays africains » et « Les pays africains face aux effets négatifs des changements climatiques : mesures à prendre et rôle des parlements africains » de l’autre.

 

 

 

Ces deux thèmes sont d’actualité et traduisent assurément des défis majeurs auxquels notre continent est confronté et qu’il entend relever avec détermination.

 

Par leur inscrption et leur examen, notre organisation entend demeurer ce forum de dialogue et d’échanges interparlementaires, ce creuset où prennent forme les propositions des parlementaires africains dans la recherche des solutions aux problèmes de l’Afrique, notamment en matière de démocratie, de libertés, de justice, de paix, de progrès pour tous et de développement durable.

 

En effet, la  38ème Conférence de l’UPA, qui s’ouvre aujourd’hui, se tient dans un environnement international encore marqué par des guerres, des conflits complexes et des foyers de tensions extrêmes loin d’être éteints, et le terrorisme qui connaît une expansion au niveau mondial.

 

C’est le lieu de condamner, encore une fois, avec fermeté, avec la dernière énergie, les récentes attaques terroristes d’une barabie inqualifiable perpétrées récemment sur le continent (Cameroun, Mali, Nigeria, Tunisie…), au Liban et en France, et visant des civils innocents. Des actes odieux que rien ne saurait justifier. Nous nous inclinons devant la mémoire des nombreux et exprimons notre solidarité avec les parlements et les peuples des pays qui en ont été victimes.

 

Lors de notre dernière conférence tenue les 1er et 2 novembre 2014 à Rabat, nous avions adopté une importante résolution par laquelle nous appelions les pays africains à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes à travers le renforcement des capacités nationales et la promotion de la coopération internationale dans ce domaine. Cette résolution identifiait, entre autres, comme facteurs explicatifs de l’émergence de groupes terroristes en Afrique. A cet égard, les parlements nationaux à travers le monde sont invités, non seulement à condamner les actes terroristes, mais  à s’engager dans la lutte contre ce fléau et ces racines et dans le renforcement de la démocratie, la paix et la sécurité, et ce  à travers l’adoption des législations appropriées et l’engagement dans les efforts internationaux pour la lutte contre ce mal de notre siècle.      

La promotion de la démocratie et de l’Etat de droit est une constante de l’activité parlementaire et une préoccupation permanente de l’UPA qui, depuis sa création en 1976, prend une part significative dans les changements  qui ont lieu sur le continent, particulièrement en matière de promotion de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de paix et de développement en Afrique.

 

L’Afrique a certes accompli des progrès remarquables ces dernières années en matière de démocratie et de croissance économique. Des élections nationales, régionales et locales ont lieu périodiquement, pour le choix des dirigeants, avec des avancées notables dans le domaine de l’égalité des sexes, sur la base de règles et de mécanismes constitutionnels et consensuels.

 

Mais pour les populations que nous représentons l’intérêt de la démocratie découle de sa traduction en termes concrets touchant à l’amélioration de la santé, de l’éducation, de l’environnement, du niveau de vie, autrement dit le développement et la paix. C’est dire que le chemin est encore long, tant les sujets de préoccupation demeurent nombreux sur le continent.

 

La pauvreté endémique, les insuffisances dans la fourniture des services sociaux de base, particulièrement en matière de santé et d’éducation, les maladies endémiques, l’analphabétisme, le chômage surtout des jeunes et diplômés de l’Enseignement Supérieur, l’exclusion et l’intolérance, les conflits complexes, les phénomènes des migrations clandestines et les personnes déplacées, le terrorisme et les effets négatifs des changements climatiques sont, en effet, des défis majeurs qui interpellent nos consciences, en tant que parlementaires. Ainsi, la promotion de la démocratie, l’état de droit et le développement  sont intimement liés et se renforcent mutuellement.

Il est certain que les parlementaires, en tant qu’acteurs majeurs de la politique ont un rôle important dans les solutions à trouver à ces défis. Il importe donc que notre réflexion pour dégager des propositions et recommandations susceptibles d’aider nos Etats à relever ces défis sur les changements et réformes à entreprendre, intègre la nécessité d’œuvrer, avec courage, à corriger les faiblesses de nos institutions et les dysfonctionnements de nos systèmes afin de réaliser de nouvelles avancées démocratiques.

 

Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents,

Honorables parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

 

Au moment où nous nous réunissons ici à Bissau, se tiennent à Paris en France, la 21ème session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques dite COP21 et la 11ème Réunion des Parties au Protocole de Kyoto. A cette occasion, des parlementaires du monde entier se réuniront aujourd’hui et demain, sous l’égide de l’Union interparlementaire, à l’effet d’examiner et d’adopter un plan d’action parlementaire sur les changements climatiques intitulé « Intensifier l’action menée par les parlements et l’UIP en matière de climat ».

 

Les changements climatiques constituent, en effet, l’une des plus graves menaces pour la prospérité et le développement à l’échelle de la planète. Alors que certains pays, doutant des preuves scientifiques du phénomène ont donc refusé de ratifier le Protocole de Kyoto, le dérèglement climatique causé par l’activité humaine, est désormais documenté par un travail scientifique solide, mondial et interdisciplinaire qui le rend incontestable. Ainsi, 97 pour cent des experts internationaux sont unanimes sur les causes du réchauffement de la terre et ses répercussions néfastes sur la survie même de l’humanité.    

 

Selon ces mêmes experts, le réchauffement climatique dû aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre, s’il devrait se poursuivre à son rythme actuel, pourrait provoquer une hausse incontrôlable du niveau de la mer, entraîner des vagues de chaleur catastrophiques, des sécheresses persistantes et des inondations sans précédent. Les changements climatiques qui en découlent, avec de larges répercussions environnementales, économiques, sociales et politiques risquent de saper les fondements mêmes de nos sociétés. C’est une menace grave pour l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire, la santé des populations, les infrastructures, mais l’intégrité de la biodiversité et des écosystèmes, et qui entraînera des migrations nombreuses et forcées et sera un facteur de risque pour la paix dans le monde.

 

Il est, par ailleurs, établi que les populations les plus durement touchées seraient les populations pauvres et vulnérables, en raison de leur localisation, de la faiblesse de leurs revenus, de l’insuffisance de leurs ressources et capacités institutionnelles, et du fait qu’elles misent d’avantage sur des secteurs dépendants du climat tels que l’agriculture.

 

Il est, hélas, en outre diagnostiqué que bien contribuant très peu aux émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique, en raison de la combinaison de certains facteurs géographiques et économiques, ainsi que de sa dépendance à l’égard des ressources naturelles, est le continent le plus vulnérable face aux effets néfastes des changements climatiques. Cette vulnérabilité, exacerbée, entre autres facteurs, par sa faible capacité d’adaptation, compromet le développement du continent et met en péril la vie de millions d’Africains et leurs moyens de subsistance.

 

Dès lors, la lutte des pays africains contre les effets négatifs des changements climatiques mérite une attention toute particulière des élus africains que nous sommes et requiert la mobilisation de tous ! Et les parlementaires doivent veiller à encourager et faciliter la dynamique de cette mobilisation.

 

L’UPA, au cours de ses conférences successives, n’a cessé de revenir sur les problèmes auxquels le continent est confronté. Et les parlementaires africains ne sauraient se soustraire à la réflexion sur les changements climatiques, bien que les débats soient souvent techniques et parfois spécifiques. Mieux, ils doivent  s’informer et se former pour une meilleure réponse aux enjeux de ce phénomène. Plus qu’une prérogative, c’est un devoir pour les parlementaires africains que nous sommes de jouer pleinement et efficacement notre partition, à travers des propositions pertinentes et réalistes dans l’organisation de notre riposte collective à cette crise.

 

Dans tous les cas, la recherche et la définition de politiques publiques volontaristes et de stratégies novatrices nous incombent. En concevant, adoptant et modifiant les législations, en approuvant les budgets nationaux et en demandant des comptes aux gouvernements, les parlementaires apparaissent comme des acteurs majeurs dans la déclinaison des accords internationaux.

 

Ma conviction est que c’est sur le terrain de la réflexion et des propositions de solutions pour faire face aux maux dont souffre le continent que nous devons nous monter plus incisifs, plus féconds et perspicaces.

 

Aussi, voudrais-je vous inviter  à vous investir pleinement dans les débats sur ces thèmes importants pour l’avenir de notre continent et qui seront examinés en Commission avant la soumission des rapports et projets de résolution en plénière.

A cet égard, il est très opportun de rappeler l’Appel signé et lancé depuis Tanger en septembre dernier par SM le Roi Mohammed VI et   le Président Français S.E François Hollande et qui invite à une action solidaire et forte en faveur du climat. Il s’agit d’un engagement et d’une invitation de haut niveau pour respecter et faire respecter l’environnement et assurer le succès de la COP 21 tenue à Paris et   la Cop 22 au Maroc en 2016.

A cette occasion permettez –moi de rappeler les efforts et la politique de mon pays en faveur de l’environnement, notamment ses projets très ambitieux en matière de production des énergies renouvelables ; assez couteuses mais très bénéfiques pour l’humanité. Il s’agit d’une composante d’une politique de l’économie verte adoptée et mise en œuvre par le Royaume ; qui ne cesse de partager ses expertises et son savoir- faire dans ce domaine avec les pays africains frères. Les projets initiés par le Groupe OCP pour développer l’agriculture dans des pays d’Afrique, et favoriser, ainsi, une dynamique économique au continent, est un exemple de partenariat solidaire sud-sud. Le Royaume du Maroc, n’a ménagé aucun effort pour faire bénéficier nos frères africains  de ses expertises en matière d’énergies propres dont les projets réalisés et ceux en cour font l’objet d’estime  de la part de la communauté internationale.

 

Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents,

Honorables parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

 

Vous me permettrez, à présent, de conclure, en renouvelant nos sincères remerciements et notre gratitude à S.E.M.le Président de l’Assemblée Nationale Populaire de Guinée-Bissau, au Gouvernement, aux autorités du Parlement et au peuple Bissau-guinéen pour l’occasion qu’ils nous offrent de tenir notre Conférence annuelle, ainsi que les excellentes conditions de travail.

Je forme le vœu que de nos réflexions sortent des propositions pertinentes pour une meilleure promotion de la démocratie et de l’état de droit en vue d’assurer la paix et le développement dans les pays africains, ainsi que pour une riposte efficace de l’Afrique face aux effets négatifs des changements climatiques.

 

Je vous remercie de votre aimable attention.