Des députés et des leaders de partis socialistes des deux rives de la méditerranée, ont plaidé, jeudi à Marrakech, pour l'aboutissement de la démocratie, le refus du fondamentalisme et de toute menace contre la stabilité du Maghreb ou atteinte à la liberté et à la dignité des peuples maghrébins.
Réunis dans le cadre d'une conférence initiée par le groupe socialiste de l'USFP à la Chambre des représentants et le groupe de l'alliance des socialistes et démocrates au parlement européen, députés et leaders politiques des deux rives ont échangé sur les défis de la démocratie dans les pays du printemps arabe. Ils ont notamment traité des conditions politiques, sociales et économiques nécessaires pour l'édification d'un Grand Maghreb où règnent les principes fondamentaux de la démocratie, seuls garants de la stabilité et de la prospérité.
Intervenant à l'ouverture de cette conférence, tenue sous le signe ''Pour un Maghreb Progressiste: sécurité, développement et démocratie au Maghreb'', le premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar a souligné que malgré des efforts fondateurs du projet maghrébin et les initiatives communes, l'Union du Maghreb Arabe n'a pu se concrétiser en raison de divers clivages politiques et particulièrement le conflit fictif autour de la question du Sahara.
Face aux multiples défis de la conjoncture actuelle et les profonds changements survenus dans la région, l'intégration maghrébine devient une urgente priorité, a-t-il dit, évoquant, à cet égard, les défis sécuritaires en provenance de la région du Sahel avec la menace terroriste, le séparatisme, et les réseaux criminels qui constituent une menace directe à la stabilité de l'ensemble de la région.
Une politique inconsidérée qui fait de la surenchère sur la question des droits de l'homme pour soutenir des velléités séparatistes ouvrant la voie au péril de la balkanisation, est un agissement absurde contre un pays partenaire qui offre un modèle de stabilité et d'engagement réel pour la démocratie dans la région, a-t-il déploré.
Le président du groupe socialiste à la Chambre des représentants, Ahmed Zaidi a insisté sur la mission et la responsabilité que devront assumer les socialistes et progressistes des deux rives pour réussir les grands enjeux qui s'imposent actuellement au niveau des pays de la rive sud de la méditerranée.
"Le développement global et intégré de la région ne saurait se permettre une approche purement sécuritaire, ni des démocraties de façades. Il n'y a pas d'autres choix que celui du développement global intégrant ses composantes institutionnelle, politique et sociale", a-t-il dit.
Et d'évoquer le rôle de l'USFP "dans la consécration de la confiance entre la Monarchie et l'opposition démocratique et progressiste qui a permis un consensus national et ouvert la voie au développement des institutions dans la paix et la stabilité, malgré les contraintes économiques et la lourde facture de la défense de l'intégrité territoriale du Royaume".
La rencontre de Marrakech intervient dans un contexte particulièrement sensible et s'assigne pour objectif d'initier les débats et les échanges en vue de dégager une vision commune autour d'un projet de société progressiste et démocratique à promouvoir dans l'espace méditerranéen, a-t-il souligné.
Le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, a pour sa part, insisté sur le coût du gel du projet de l'union du Maghreb arabe qui prive la région des opportunités de développement et d'édification d'un meilleur avenir. Et d'assurer que la conjoncture actuelle est propice à se défaire des hésitations et des situations confuses pour engager un dialogue sérieux et responsable dans la perspective de bâtir un avenir commun fondé sur le bon voisinage et le respect mutuel de l'intégrité territoriale des pays membres.
Les menaces sécuritaires dans le Sahel imposent aux pays maghrébins de s'engager résolument pour l'intégration, la meilleure solution pour faire face aux périls, permettre une meilleure coopération nord-sud et assurer à la région la prospérité dont dépend nécessairement la stabilité, a-t-il dit.
Le président du groupe des socialistes et démocrates au parlement européen, Hannes Swoboda, a salué l'initiative de cette rencontre qui contribue à étoffer les relations entre les forces progressistes des deux rives de la méditerranée autour du projet d'un espace de paix, de coopération et de prospérité.
Evoquant l'enjeu sécuritaire pour l'espace méditerranéen, M. Swoboda a estimé que les efforts pour éradiquer la menace terroriste qui couve dans la région du Sahel ne peuvent être efficaces qu'à travers une action commune des pays des deux rives. Fédérer les efforts à cette fin nécessite une coopération méditerranéenne fondé sur une intégration régionale qui ne saurait s'opérer qu'en dépassant les clivages et les différends entre pays, a-t-il estimé.
Et de rappeler aussi la nécessité pour les forces progressistes de la région de la méditerranée de faire bloc contre toutes les formes du racisme, les projets rétrogrades de l'extrême droite et du fondamentalisme. La promotion de la démocratie, le respect des différences, les principes universels des droits de l'homme, sont autant de remparts contre ces périls, a-t-il dit.
Intervenant lors de ces débats, le premier secrétaire des forces socialistes (FFS-Algérie), Ahmed Betatache a vivement déploré la fermeture des frontières entre le Maroc et l'Algérie la qualifiant de non-sens et d'affront à la mémoire des nationalistes et des leaders de la lutte pour l'indépendance dans les pays du Maghreb qui avaient pour ambition d'ériger une "Union fédérale maghrébine".
"Je ne plaide pas seulement l'ouverture des frontières, je suis pour la suppression de ses frontières", a-t-il lancé. Et de déplorer que 50 ans après les indépendances, il y'a lieu de constater "l'échec des projets de développement, le gel du projet du grand Maghreb, et une démocratie qui manque à ses principes fondamentaux".
"Nous militons pour une réelle démocratie participative, un modèle de développement qui érige l'homme en priorité centrale et un Etat de droit et d'institutions réellement indépendante" a-t-il plaidé.
La rencontre de Marrakech a été marquée par un débat de haut niveau sur des questions d'actualité pour la région du Maghreb et les aspirations pour un nouveau modèle de coopération entre les deux rives de la méditerranée susceptible d'assurer l'émergence d'un espace de paix, de stabilité et de prospérité.
Députés et leaders de partis politiques des deux rives de la méditerranée ont évoqué les questions relatives à la transition démocratique dans les pays du Maghreb, les défis du développement et de l'édification d'un espace régional maghrébin intégré, les enjeux sécuritaires, les questions de l'immigration, le rôle de la société civile et des partis démocratiques dans la coopération et les efforts pour l'intégration.
Les débats ont été articulés autour de trois panels portant sur les thèmes "Progressistes au Maghreb: quel défis ?", "Le développement, enjeu sécuritaire et démocratique au Maghreb", "La régionalisation au Maghreb, vecteur de stabilité, développement et démocratie".
(Avec MAP)