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Discours de M. Rachid Talbi Alami Président de la Chambre des Représentants A la séance d'ouverture du Forum parlementaire franco-marocain Paris, le 16 avril, 2015

16/04/2015

Excellences

M. Gérard Larcher Président du Sénat français,

M. Claude Bartelone Président de l'Assemblée nationale française,

M. Mohamed Cheikh Biadillah, Président de la Chambre des conseillers

Mesdames et Messieurs les parlementaires et membres des délégations françaises marocaines

Mesdames et Messieurs,

Encore une fois, la rencontre est renouvelée entre les deux parlements amis, français et marocain. Cette fois-ci, nous sommes venus à Paris animés par la même volonté commune, qui nous avait déjà réunis à Rabat. Nous sommes animés du même esprit alerte qui nous a permis de poser la pierre angulaire symbolique du forum parlementaire franco-marocain. Ceci afin de proposer, à notre niveau, et dans le cadre de nos prorogatives,  à nos deux pays et à nos deux peuples un cadre adéquat pour le dialogue, la réflexion et la proposition, animés que nous sommes du même souci et de  la même volonté de poursuivre notre dialogue institutionnel régulier  pour un échange de vue et d’écoute mutuel autour d’un nombre de questions qui nous préoccupent et suscitent chez nous le même intérêt.

Il est très clair que cette réunion souligne l'étendue de notre désir de continuer ce que nous avons commencé, traduisant ainsi d’une manière forte une part de la crédibilité des relations maroco-françaises, relations fondées sur des bases solides d'amitié et de bon voisinage euro- méditerranéen, bien  plus sur le voisinage historique,  civilisationnel et culturel, qui se renforce et se diversifie chaque jour davantage et s’enrichie grâce au dialogue ouvert et à la disponibilité conjointe. Et ce essentiellement grâce à la haute sollicitude et au suivi de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président François Hollande.

L’esprit de cette amitié vivante, véritable ciment fort des relations entre nos deux pays et nos deux peuples, ne constitue pas un héritage statique. Cette relation d’amitié est le résultat d’une évolution, d’un travail continue conjoint et fécond qui impacte les deux parties en même temps. Partant, nous avons œuvré ensemble à la construction d’un avenir commun à nos relations et à notre amitié.

Il ne serait pas prétentieux du tout de confirmer de nouveau, ici et maintenant devant nos amis Français  qui nous connaissent parfaitement et qui suivent attentivement l’évolution de notre pays, que le Maroc réalise un processus de réformes politiques et constitutionnelles sur la base d’une volonté courageuse qui va de l’avant sans hésitation. Le Maroc a, en effet, accumulé des réformes avancées d’ordre structurel et global. Ce qui a permis à notre pays, qui jouit d’une confiance et d’une crédibilité au plan international, de construire une image positive et d’occuper une place à part dans le concert des nations.

Nous voulons, tous que nous sommes au Maroc - Roi, gouvernement, peuple et forces vives de la nation - renforcer l’édifice institutionnel de notre pays, à  travers la consolidation de l’Etat de droit et de la pratique démocratique, le renouvellement et la mise à niveau de notre arsenal juridique, et ce pour affronter, plus particulièrement, les menaces terroristes et celles du crime organisé, du trafic d’êtres humains et des stupéfiants. Nous œuvrons également pour mettre en œuvre une réforme horizontale aux plans éducatif, culturel et cultuel pour contrer les idéologies de l’enfermement,…… de l’extrémisme et de la violence. Dans le même état d’esprit, notre pays est entrain de mettre en œuvre une stratégie globale de lutte contre les divers aspects de l’exclusion sociale et de la marginalisation des régions  et des catégories sociales les plus vulnérables qui n’étaient pas couvertes par des plans concrets et palpables de développement. D’où le succès de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) conçue par Sa Majesté  et placée sous son Haut Patronage, initiative qui a réussi à développer l’espoir  que la pauvreté n’est pas une fatalité, et ce grâce à l’approche participative, à la politique de proximité, à la bonne gouvernance locale et à l’implication des composantes de la société civile.

Sans doute aucun, la réforme constitutionnelle de l’année 2011, a permis au Maroc d’accélérer le pas vers une société démocratique moderne les droits de l’homme et les libertés individuelles et collectives sont garanties constitutionnellement. Ce qui confère au fait légal une crédibilité aux yeux de notre peuple et à ceux de la communauté internationale.  Le texte constitutionnel de juillet 2011 a constitutionnalisé un certain nombre d’institutions nationales portant un intérêt pour les droits de l'homme. Parmi ces institutions, citons le Conseil National  des Droits de l'Homme formé d’une équipe indépendante composée de représentants de la société civile et d’experts, l’institution du Médiateur, le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, ainsi qu'un certain nombre d’Instances  indépendantes relatives aux jeunes, aux femmes, à l’action associative et aux questions relatives à la culture et aux langues entre autres.

Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs,

Nous avons là en commun un sentiment d'amitié qui devrait être renouveler tous les jours.

L’amitié nous dicte le devoir du respect mutuel, de l'écoute mutuelle et de la confiance mutuelle. Elle nous dicte aussi  le devoir de coordination et d'action commune dans les différents domaines et circonstances, en particulier ce qui sert les intérêts communs de nos deux pays et leurs peuples, la stabilité, la sécurité et la vie paisible et saine au sein de l’espace euro-méditérranéen, avec son  prolongement africain et arabe et, par la même au plan international. Ceci parce que les quatre coins du monde, et pas seulement la région méditerranéenne ou maghrébine, sont préoccupés par les mêmes questions, les  mêmes problématiques, les mêmes catastrophes naturelles et humaines, au premier plan celles autour desquelles nous nous réunissons aujourd'hui pour échanger nos points de vue à leur sujet et dessiner ensemble, essentiellement, un horizon commun de pensé. Je pense ici à nos défis communs autour de la question de la sécurité, celle des moyens pour lutter contre le terrorisme et ses causes, celle de la mise en place d’une coopération triangulaire dans la région du Sahel et du Sahara ainsi que des questions de développement durable qui sont devenues aujourd’hui un des axes d’intérêt universel grâce à la nouvelle stratégie établie par l’Organisation des Nations Unies, à l’élaboration, l’adoption et au soutien  desquelles ont contribué les parlementaires du monde entier à travers leur organisation, l’Union Interparlementaire.

De la conscience donc, et de la sécurité de la conscience commence la gouvernance sécuritaire ainsi que les stratégies sécuritaires. La conscience ici signifie l’élévation au niveau de la sagesse qui ne croit pas à la force seule. Car, comme dit l’adage, « la force sans sagesse, s’effondre sous son propre poids ».

La politique internationale basée sur l’axiome du « deux poids deux mesures » et sur les alliances stratégiques aveugles, ne pourra jamais contribuer à la mise en œuvre d'un système de sécurité mondial efficace et productif. En fait, nous avons insisté depuis 2003 en tant que parlementaires au sein de l'Union Interparlementaire, sur l'importance de la sécurité dans le bien-être des peuples. Mais, au même moment, nous sommes restés dans l’attente que les peuples aient une résonance dans les politiques sécuritaires mondiales. Malheureusement, l’inclinaison des événements a aidé à nourrir la violence et la haine.

En conséquence, voilà que nous assistons à travers le monde aujourd’hui, à une horreur distillée par des groupes terroristes, horreur qui a pris les habits du religieux et des croyances célestes. Les menaces sécuritaires ont commencé à se faire pressentes au cœur des grandes nations, comme dans la profondeur des petites nations. Et voilà que nous assistons la naissance « d’Etats à l'intérieur des Etats », à des guerres qui éclatent ici et là. Nous assistons à l’apparition de bandits de grands chemins inter-étatiques, alors qu’au  Moyen Age ce phénomène concernait le monde tribal.

Sans le moindre doute, l'environnement sécuritaire induit, d’une manière directe ou indirecte, les changements qui affectent l’environnement naturel, comme il induit les changements climatiques dont les conséquences se répercutent, comme nous le savons, sur les conditions économiques et sociales des peuples de la planète. Et ce n’est pas l’effet du hasard que surgissent et s’activent les menaces terroristes  dans des zones les plus pauvres et désertiques, aux moyens matériels et naturels limités, c'est-à-dire là où les situations sécuritaires changent rapidement et d’une manière radicale sous la pression de la pauvreté et de la raréfaction des moyens, générant les phénomènes terroristes, ceux du crime organisé, du trafic des armes et des drogues, et de la traite d’êtres humains.

Nous devons réfléchir profondément et en toute responsabilité à l'émergence et à la signification de certains phénomènes menaçants, tels que le terrorisme, la violence, le crime organisé et le trafic des drogues, en rapport et dans le sillage de l’avancée des déserts et de la pauvreté économique, sociale et culturelle.

Dans ce contexte, nous qui avons vécu le drame du terrorisme et certains de ses aspects horribles à Casablanca et Marrakech, nous avons condamné, à l’instar du monde entier, la laideur des attaques terroristes qui ont frappé Paris, et le musée du Bardo à Tunis. Nous avons été témoins, par petit écran interposé, des pratiques barbares condamnables et rejetables tant des points de vue religieux, culturel et moraux, que du point de vue simplement humain. Ces actes non rien à voir avec une religion de paix qui interdit formellement le meurtre de la personne humaine.

Je ne peux ici m’empêcher de saluer la coopération fructueuse, réussie et active entre les services de sécurité marocains et leurs homologues français, au plus grand bénéfice et la plus grande sécurité et quiétude des individus et des collectivités au sein de l’espace euro-méditerranéen et ailleurs.

La question sécuritaire au sens global revêt une importance vitale dans notre monde aujourd'hui. Aussi, la vie humaine dans sa présente dégradation, et la famine qui sévit à travers le monde, contribuent au retour à des types de barbarie qui exigent de la communauté internationale une prise de mesures plus énergiques et plus urgentes.

Cette menace constitue une réalité concrète, et ses dangers ne le sont pas moins.

C’est pourquoi nous avons besoin d’une volonté politique et d’une stratégie internationale qui ramène le monde à son calme et lui fasse retrouver sa raison, sa sagesse et le fasse renouer avec ses principes humanistes fondateurs. Dans l’attente, les peuples s’appuient sur leurs propres forces pour tendre vers leur sécurité, comme ils se tournent vers leurs amis pour élaborer ensemble des projets de coopération à dimensions multiples : sécuritaire, économique, sociale et culturelle. Car la stabilité mondiale commence avec la protection et la stabilité des nations, et des régions.

Nous sommes persuadés que la question sécuritaire est devenue aujourd’hui l’affaire de tout le monde et non pas l’apanage des gouvernements, des secteurs ou des services sécuritaires spécialisés. Des  partenaires à tendances multiples, à savoir  des parlementaires, des instances officielles et populaires, doivent tous s’y impliquer. Tout comme ces instances  la société civile, l’école, l’université, les instances religieuses et culturelles, et les médias doivent toutes être parties prenantes, ainsi que les réformateurs, les penseurs, les artistes et toutes les personnalités et célébrités représentant  le monde civilisé.

Merci pour votre attention ASSALAMU ALAYKUME