Les participants à une conférence régionale sur "les femmes en politique: comment progresser vers l'égalité?", organisée jeudi à Rabat, ont appelé au renforcement de la représentativité féminine dans les parlements de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA).
La représentativité féminine dans les parlements de la région MENA demeure en deçà des attentes, en dépit des avancées enregistrées en matière d'autonomisation des femmes, ont indiqué les intervenants à cette rencontre, tenue à l'initiative du parlement marocain, en partenariat avec l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
Dans ce sens, le vice-président de la Chambre des représentants, Rachid El Abdi, a souligné que la représentativité féminine dans les grandes démocraties dépassent les 40 pc, un taux important consacrant la place dont jouit la femme dans la sphère politique, notant que les pays de la région MENA sont appelés à fournir davantage d'efforts et consolider l'arsenal juridique pour l'autonomisation politique de la femme.
La faible représentativité des femmes est une question qui interroge toute la société. Il s'agit d'un droit fondamental qui doit être consacré, préservé et renforcé pour faciliter l'accès de la femme à la vie politique, a-t-il estimé, appelant à la lutte contre les stéréotypes et les préjugés dont la femme est victime, et à la diffusion des principes d'équité et d'égalité.
De son côté, le vice-président de la Chambre des conseillers, Abdelkader Salama, a relevé que le Maroc est l'un des rares pays de la région œuvrant en faveur de l’instauration des bases de la parité, notant que la consolidation des droits de la femme constitue un choix stratégique pour le Royaume qui s'est engagé tôt dans une série de réformes.
La mentalité marocaine a beaucoup changé, la femme aujourd'hui occupe de plus en plus de postes importants dans les administrations, les institutions politiques, les instances syndicales et associatives, en participant activement à la chose politique et économique du pays, a-t-il ajouté.
Pour sa part, la ministre de la Famille, de la solidarité, de l'égalité et du développement, Bassima Hakkaoui, a rappelé que le Maroc a adopté de nombreuses mesures pour promouvoir l'autonomisation des femmes, citant dans ce sens la révision de la Moudawana, la consécration de l'égalité totale des droits entre les hommes et les femmes par la constitution, l'adoption de la loi relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la mise en place de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination.
Le Maroc a enregistré des acquis importants en faveur du renforcement de la participation politique de la femme, en se dotant d'un Plan Gouvernemental pour l'Egalité "ICRAM" qui constitue le cadre de convergence des différentes initiatives visant la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et l’intégration des droits des femmes au niveau des politiques publiques et programmes de développement, et d'un Plan d'action national en matière de démocratie et de droits de l'Homme, a-t-elle poursuivi.
Quant à la présidente de la Commission sur l'égalité et la non-discrimination de l'APCE, Elvira Kovacs, elle a estimé que la représentativité politique reflète la place dont jouit la femme au sein de la société, notant que le Conseil de l'Europe a lancé une nouvelle stratégie pour accompagner l'autonomisation politique de la femme dans la région.
Le Maroc et la Tunisie ont enregistré des avancées importantes en la matière, à travers l'adoption du système de quota et le renforcement de la représentativité parlementaire et partisane des femmes, s'est-elle félicitée, relevant que cette rencontre est une occasion idoine pour faire le bilan des droits des femmes dans la région, s'arrêter sur les obstacles entravant l'émancipation féminine et tirer profit des expériences réussies.
Pour le ministre conseiller, chargé d'affaires de la délégation de l'Union Européenne (UE) au Maroc, Alessio Cappellani, la promotion de l'égalité est un principe, un objectif et une mission pour l'Union et ses Etats Membres. Cette question est, à ce titre, au cœur des préoccupations de l'UE, aussi bien à l'intérieur que dans ses relations avec les autres pays, et par conséquent au cœur du partenariat entre le Maroc et l'UE.
Le Royaume du Maroc a fait de l'égalité entre les femmes et les hommes une question centrale de sa stratégie de promotion et de protection des droits humains, ainsi qu’un levier important dans sa vision du développement humain, durable et inclusif, a-t-il souligné, ajoutant que l'UE accompagne, depuis 2012, la mise en œuvre du Plan Gouvernemental pour l'Egalité, à travers un programme d'appui à la promotion de l'équité et de l'égalité entre les femmes et les hommes au Maroc qui a permis de maintenir un dialogue politique soutenu avec les autorités marocaines sur la promotion de l'égalité.
Cette conférence, qui s'inscrit dans le cadre du programme Sud III visant à contribuer au renforcement des droits de l'homme, de l’Etat de droit et de la démocratie dans les pays partenaires du sud de la Méditerranée, conformément aux normes européennes et internationales, intervient dans le cadre de l'accompagnement de la dynamique des relations entre le Maroc et le Conseil de l'Europe, illustrée par l'adhésion du Royaume à plusieurs conventions concernant plusieurs domaines d'intérêt commun.
Cet événement axé sur plusieurs thématiques, dont "les mécanismes de promotion de la représentation des femmes", "le rôle des partis politiques" et "la voix des femmes dans les élections", est une occasion pour mettre en avant les réalisations du Maroc en matière d'autonomisation de la femme et des réformes législatives, institutionnelles et socio-économiques adoptées.
(MAP)