Le Maroc a pris part mardi à Lisbonne aux travaux de la 5ème réunion de haut niveau des Parlements des pays membres du "Dialogue 5+5" organisée par l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM) et le Parlement portugais.
La délégation parlementaire marocaine est composée de Mohamed Fawzi Benallal, 1er vice-président de la Chambre des Conseillers, Kenza El Ghali, 2ème vice-présidente de la Chambre des Représentants, ainsi que Abdellatif Abdouh, Hachmi Semmouni, Lhou Lmarbouh, Tawfiq Kamil, membres permanents de l'APM et Tourya El Hemmam, conseillère juridique à la Chambre des Conseillers.
Lors de cette réunion à laquelle, outre le Maroc, ont participé les représentants des Parlements de la Tunisie, la Mauritanie, l'Algérie, l'Italie, la France et le Portugal, le débat a porté sur des sujets liés au dialogue politique et à la sécurité régionale, le développement économique et la lutte contre les changements climatiques, les affaires sociales, les migrations et la lutte contre le trafic des êtres humains.
Intervenant à cette occasion, M. Benallal a indiqué que "cette rencontre souligne la volonté de nos pays à poursuivre le dialogue, la réflexion et la concertation sur les questions d'intérêt commun et la recherche de consensus sur les approches envisageables capables d'apporter des réponses novatrices, pertinentes et plus appropriées aux enjeux et défis auxquels notre région est confrontée, à savoir la sécurité, la stabilité et l'intégration régionales, le dialogue politique et le développement économique, humain et environnemental''.
Cette plate-forme interparlementaire, a-t-il dit, offre un cadre propice au développement d'un partenariat Nord-Sud stratégique et renouvelé pouvant servir de modèle phare dans notre grand voisinage et représenter une grande valeur ajoutée et une complémentarité aux différents processus de dialogue et de partenariat dans la région, permettant ainsi de faire de la sous-région un espace de stabilité, de coopération, de compréhension et de prospérité partagée.
M. Benallal a centré son intervention sur 'le dialogue politique et la sécurité régionale'', deux questions a-t-il dit, que le Maroc considère comme primordiales et partie intégrante d'une approche globale, multidimensionnelle et cohérente conciliant l'action sécuritaire et le développement humain.
Les défis auxquels fait face notre région aujourd'hui sont multiples et considérables. Ils revêtent un caractère complexe qui est à la fois propre à la région, mais aussi émanant de crises et bouleversements politiques profonds aggravés par une crise économique frappante qui n'a pas épargné la région, a poursuivi M. Benallal.
Ces mutations rapides, a-t-il relevé, ont donné d'une part une impulsion à la dynamique des réformes politiques, économiques et sociales dans les pays concernés, mais elles ont également renforcé, de manière indirecte, la précarité sécuritaire qui prévaut dans certaines zones comme la bande sahélo-saharienne et la façade atlantique, désormais devenues zones d'imbrication des agendas terroristes et des trafiquants de tout genre.
Le Maroc n'a eu de cesse de plaider pour la conception d'une sécurité indivisible, que ce soit au niveau Nord-Sud ou sur le plan international, une conception comme étant un ensemble de mesures gouvernementales et intergouvernementales conduisant, au final, à la sécurité régionale, a-t-il dit.
Ainsi, a fait observer M. Benallal, cette conviction a été traduite par l'adhésion du Maroc, depuis de nombreuses années, à l'ensemble des foras et des partenariats politiques et sécuritaires développés au niveau européen, maghrébin, africain et au niveau des Nations Unies, tendant à faire de notre région une zone de paix et de stabilité.
Pour M. Benallal, il est aujourd'hui plus que jamais nécessaire, d'entamer un dialogue franc et sincère avec un engagement sans faille et d'égal à égal et établir un partenariat stratégique et avancé contribuant à la stabilité et la sécurité régionale et servant de noyau dur pour un cadre de coopération plus élargi impliquant l'ensemble des acteurs régionaux et sous-régionaux.
"Nous sommes, à cet égard, également appelés à renforcer les synergies entre les organisations internationales et les enceintes de dialogue existantes en Méditerranée (l'Union pour la Méditerranée, Politique européenne de voisinage, Union du Maghreb Arabe, etc.)", a-t-il indiqué.
Il a dans ce sens affirmé que le Maroc, de par son action multiforme, continuera à s'investir pleinement dans le développement du partenariat entre les deux rives, au titre d'une approche intégrée et solidaire qui concilie la promotion de la paix et de la sécurité, la croissance économique, le développement humain durable, la cohésion sociale et la préservation de l'identité culturelle des populations.
De son côté, Mme Kenza Ghali a affirmé que l'APM est appelée à développer des coopérations renforcées au niveau sous-régional, notamment avec l'UMA qui offre un grand potentiel pour ce créneau spécifique, soulignant la nécessité urgente d'une relance crédible et sérieuse de la construction maghrébine et pour l'édification d'un avenir commun fondé sur le respect de la souveraineté des Etats, de leur intégrité territoriale et des règles de bon voisinage.
L'intégration intermaghrébine est devenue non seulement une option stratégique mais une nécessité régionale au niveau des pays du grand Maghreb et ceux de l'Europe en tant que choix stratégique, opportunité économique et exigence sécuritaire, a-t-elle dit.
Elle a de même assuré que "notre ambition de contribuer à promouvoir la Méditerranée en tant qu'espace géopolitique viable et homogène n'a d'égale que l'urgence de lancer un véritable partenariat stratégique entre l'Afrique et l'Europe, fondé sur les intérêts mutuels, les défis partagés et l'avenir commun à construire, sachant que l'imbrication croissante des intérêts géopolitiques et sécuritaires entre nos deux continents tout comme la densité des échanges économiques, culturels, et humains plaident en faveur d'une architecture partenariale novatrice qui prend en considération les spécificités géopolitiques de chacune des sous régions du continent africain.
Mme Ghali a de même souligné que les agendas sécuritaire, politique, économique et humain de l'espace sahélo saharien et de la façade atlantique requièrent des approches partenariales concertées et solidaires, notant qu'une coopération bénéfique qui s'étale à l'échelle régionale pour mieux contenir l'expansion des activités terroristes au Sahel et la lutte contre les trafics d'armes et de drogue s'impose d'elle-même.
Elle a en outre indiqué qu'il est nécessaire de maitriser les phénomènes migratoires à travers la réciprocité et la mobilité, soulignant à ce propos que le Royaume a mis l'accent sur l'approche humanitaire qu'il adopte désormais face à l'accroissement sensible du nombre des immigrés venus d'Afrique ou d'Europe, une approche conforme aux engagements internationaux du Maroc et respectueuse des droits des immigrés.
Afin de traduire dans la réalité une telle approche, le gouvernement a été invité par SM le Roi Mohammed VI à élaborer une nouvelle politique globale relative aux questions d'immigration et d'asile, a rappelé Mme Ghali, affirmant que des milliers d'africains subsahariens et de nationalités européennes et autres ont pu bénéficier de cartes de séjours réguliers leur permettant d'user de tous leurs droits sur le territoire national.
Par ailleurs, et de par son rôle leader de prise de positions et de résolutions en ce qui concerne les questions de la paix et celles migratoires, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la traite des êtres humains, la criminalité transnationale organisée et contre le trafic de drogue, au sein des organisations internationales et régionales, l'action du Royaume vise également la promotion du dialogue et la concertation sur des questions de dimensions planétaires.
Elle a à cet égard plaidé pour la réforme d'une gouvernance économique méditerranéenne, de même que la gouvernance environnementale de la région, appelant l'Assemblée à favoriser le renforcement des systèmes commerciaux, le financement du développement, la lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité et la lutte contre la désertification.
Pour sa part, Lhou Lmarbouh, a indiqué dans une déclaration à la MAP, que cette réunion porte sur la préparation de recommandations des parlementaires de la Méditerranée occidentale pour que les exécutifs qui devront se réunir jeudi à Lisbonne en tiennent compte dans leur programme d'action dans le cadre du dialogue 5+5.
Le développement socio-économique est l'une des grandes préoccupations de l'APM en raison de la situation que connait la région, notamment la partie sud qui fait face à des problèmes et à l'instabilité politique à l'exception du Maroc, ajoutant que le Royaume s'avère aujourd'hui une locomotive pour le développement socioéconomique de la région.
'Nous sommes en avance dans plusieurs domaines et cela confère au Maroc une position respectée et respectable au sein de cette assemblée et au sein d'autres assemblées de par le monde, s'est réjoui M. Lmarbouh, ajoutant à cet égard que les expériences marocaines qui ont été relatées lors de cette réunion sont des expériences leaders, citant entre autres les domaines de l'environnement, l'énergie solaire et les énergies renouvelables.
La prochaine Réunion de haut niveau des Parlements des pays membres du "Dialogue 5+5" aura lieu en 2015 au Maroc.
(MAP)